Voyager, c’est aussi… manger. Sur ce plan-là Vienne avait été fort peu monumental, pour ne pas dire anecdotique. Lisbonne en revanche n’aura pas été que lumière tranchée et architecture amochée, mais aussi saveurs nouvelles. Un plat capverdien (la cachupa), un plat brésilien, beaucoup de pâtisseries (les Lisboètes ont de toute évidence la « dent sucrée », comme l’on dit en anglais), Le vin vert, et plein de bons repas. Il s’est avéré que, les soirs, nous n’avions guère envie de redescendre en centre-ville, et nous adoptâmes donc un étrange établissement du quartier Saldanha, sur le grand boulevard, le Galeto. Outre le relatif exotisme de sa carte, cette cafétéria nous a offert un voyage dans le temps, direction les Seventies. Elle est en effet sciemment décorée comme un drugstore ou dinner américain des années 70, avec ses plafonds de carreaux striés noirs, ses moulures marrons, ses lampes tubes, les gros cabochons dorés cloutant ses murs… Plus les tenues aubergines des garçons, très chics, les différents comptoirs où la nourriture s’expose et se prépare, et enfin le système des tables qui sont également de longs comptoirs, où l’on s’assoie en rang, les uns à coté des autres. Pour le service, les garçons glissent dans le « canyon » entre les comptoirs où s’accoudent les clients. Ils servent et desservent aisément, tout cet espace est organisé de manière inhabituelle mais fort efficace. Un curieux souvenir de Lisbonne, donc, certes pas typiquement portugais mais singulier et agréable. Et ouvert jusqu’à 3h30 du matin! Eh oui.
En définitive, la déception gustative du séjour aura été le thé: Lisbonne semble vendue entierement à cet écœurant brouet rouge que l’on nomme Lipton Yellow. Il faudra un jour traduire les dirigeants de cette firme devant le tribunal de La Haye, pour atteinte mondiale au bon goût.