Fini le Saint-André. Maintenant que lire? C’est toujours la question: lorsque je termine un livre, je tourne généralement en rond un moment, j’ouvre un livre, le repose, en goûte un autre, je me demande ce que je veux, quelles envies j’aurai? Cette fois je pense que ce sera The Quickening Maze, roman d’un poète anglais contemporain, Adam Foulds, qui parle apparemment de la folie de John Clare et du jeune Tennyson. Je ne connaissais rien de ce roman, c’est le hasard qui me l’a fait trouver: allant l’autre jour au Waterstone de Piccadilly, cet immense temple art-déco érigé à la lecture, je voulais y trouver Corduroy Mansions de McCall Smith. Il se trouvait sur une table où l’on proposait d’acheter trois livres pour le prix de deux. Comment résister? D’autant que se trouvait juste à côté The Children Book d’A.S. Byatt dont j’ai tant entendu dire du bien (de toute manière, j’aime assez Byatt, ses contes de fées sont aussi froids qu’ennuyeux mais ses romans Possession et The Biographer’s Tale m’ont enchanté). Alors voilà, j’ai hésité, comme devant ma bibliothèque entre deux livres, et j’ai pris le Foulds. On verra bien. Ensuite je suis passé en caisse, où une charmante dame m’a demandé si j’avais aimé la Tate Modern: j’en portais au revers le badge du dixième anniversaire (seulement?), qu’Olivier m’avait donné la veille. Amusé, je répondis à la libraire que nous avions été un peu déçus, étant allé à la Modern surtout pour revoir la « Rothko Room ». Étonnement de la dame, qui elle-même a souvent été voir cette pièce toute entière dédiée à Rothko tel que l’artiste aurait aimé que ses oeuvres soient présentées. Seulement, la « Rothko Room » se trouve actuellement à la Tate Liverpool, prêtée. Déception donc, mon camarade venant d’achever un mémoire sur ce peintre. Et la dame de se dire navrée de notre déconvenue, puis de me confier qu’étant amie d’une amie de la femme de Christopher Rothko (le fils de l’artiste), une fois qu’elle était à New York elle fut invitée chez eux et admira leur collection privée. Grognement envieux de ma part et phrase appréciatrice. Allons, ce Waterstone a beau être un vaste supermarché culturel (les autres ont fermé, d’ailleurs, les Américains de Borders ayant finalement échoué misérablement dans leur entreprise de colonialisation brutale), on y rencontre tout de même des libraires de goût. J’en ressorti avec mon snobisme plus rengaillardi que jamais.