Scoop: une bien belle image de mon ancien voisin d’en face, monsieur David Alvarez, pour la couv d’un essai que mijote Raphaël Colson pour les Moutons électriques, sur l’esthétique rétro-futuriste…
Archives mensuelles : janvier 2011
#1988
Cher Jean-Louis,
Je pense à vous dans votre perte terrible.
Avec mon amitié et mon admiration sincère.
#1987
Bon, vous me direz: mais pourquoi tant et encore écrire sur Sherlock Holmes? Et de fait, il arrive qu’en ayant achevé un travail d’essayiste, une recherche plus ou moins longue, j’ai la sensation d’avoir en quelque sorte « fait le tour » d’un sujet. Ce fut par exemple mon impression après le Panorama — la fantasy, j’en avais un peu soupé, j’en avais lu et lu et tant lu, trois années durant, que je faisais un brin d’overdose de merveilleux. Ce fut aussi le cas, de manière moindre, sur Dracula. Et curieusement, lorsque nous achevâmes Les Nombreuses vies de Sherlock Holmes, à l’été 2005, Xavier Mauméjean et moi-même nous dîmes que nous en avions assez fait sur le grand détective, que nous n’y reviendrions pas…
Mais cette sensation de satiété, en fait, ne dura (vraiment) pas. Rapidemment, à travers tout d’abord la promotion à réaliser autour de ce livre, puis simplement au fil des mois et des années, ce goût de longue date que nous avions pour Holmes revint dans toute sa passion. Je ne sais à quoi tiennent ce type d’impressions, d’ailleurs — jamais je ne me suis beaucoup éloigné d’Arsène Lupin, par exemple. Aussi, monsieur Hercule Poirot demeure pour moi une figure à la fois attirante et tragique, très familière (mais là, sans doute me faut-il en remercier David Suchet). En tout cas, lorsque j’eus l’idée d’écrire un Bibliothèque rouge autour de Harry Potter, tout comme celle de retravailler et d’étendre mon dico féerique, mon goût pour le merveilleux avait retrouvé toute sa fraîcheur. Et lorsqu’il fut question de travailler sur Jack l’Éventreur, derrière ce mythe criminel et sa géographie particulière (l’East End) renaissaient aussi des envies d’écriture holmésienne…
Et puis Les Nombreuses vies de Sherlock Holmes était épuisé depuis déjà un moment. En travaillant sur d’autres Bibliothèques rouges, j’avais réalisé que les deux premiers, ceux avec lesquels nous avions en quelque sorte inventé et mis au point ce format d’étude, ne me satisfaisaient plus complètement. Selon moi, Les Nombreuses vies d’Hercule Poirot était le premier volume dans lequel tout était réellement « bien au point ». Je réécrivis donc le Lupin, et proposais à Xavier que nous refassions notre Holmes. Au début, il n’était pas tout à fait convaincu, je crois. Puis quand il le fut… il me dépassa largement en ambition!
Un beau jour, je me rendis donc de nouveau chez Xavier. Comme lors de chacun de ces intenses séjours scripturaux, le professeur X me céda l’usage de son nid d’aigle (son bureau haut perché tout en haut de la plus haute tour de son gothique logis nordique), et l’excitant turbin commença, l’émulation intellectuelle, les notes, l’écriture, les corrections, la mise à plat de tant de choses et les petites épiphanies (« oh, j’ai trouvé un truc! »), toute la journée, sans relâche. Très vite, le texte pris de l’ampleur, et puis Xavier me dit que puisqu’il allait être si différent de la première édition, il fallait pousser les choses encore plus loin. Encore plus loin! Faire de ce livre une « véritable » biographie, à l’image par exemple de celle de Winston Churchill par François Kersaudy, qui venait de tant l’enthousiasmer. Comme une « véritable » biographie… Soudain, notre perspective changeait. Et celle de la collection, que justement nous souhaitions renouveler, péréniser. Au fil des discussions, au fil de la rédaction, des allers-retours entre nous, des ajouts, des développements, dans nos têtes se mit à pousser un ouvrage bien distinct des Nombreuses vies de Sherlock Holmes. Et même, je me mis à le visualiser, je voyais un énorme pavé blanc, les pages de texte sur bouffant, celles de photo en cahiers sur couché. Tandis que naturellement, sans effort, le matériau prenait encore de l’ampleur, que nous nous surprenions à tout déplier. Dans une sorte de fièvre calme et concentrée.
Géographie de Sherlock Holmes, j’en avais eu l’idée lors d’un récent voyage à Londres. Là aussi, je visualisais l’ouvrage, et Xavier en avait déjà préparé de grands pans; mais ce Sherlock Holmes, une vie, même son titre nous le découvrîmes alors, tout découlait de manière naturelle de cette simple idée: comme une « véritable » biographie.
(Il ne s’agit là que de mes sensations, bien entendu: Xavier raconterait sans doute tout cela selon une optique différente)
Voici: maintenant ce livre existe. Et je commence à travailler sur Arsène Lupin, une vie, que je vais redévelopper et construire selon la même optique (pour l’inspiration, le mouvement à donner à cela, pour sa forme, je suis actuellement le nez dans des biographies de Monet, de Nadar, de Clemenceau…). En attendant, quand Xavier en aura la disponibilité, un Hercule Poirot, une vie — bien sûr.
#1986
Reçu ce midi. Dire que j’en attendais la réception avec impatience serait un euphémisme. Car il s’agit tout à la fois du point culminant de deux passions conjuguées pour Sherlock Holmes, d’une nouvelle et brillante étape de mon amitié et de mon écriture avec Xavier Mauméjean, d’un projet très longuement mûri et travaillé à toutes ses étapes, d’une envie taraudante de publier un grrrros livre, et enfin (?) du vingtième titre de la collection que je co-dirige avec tant d’amour avec Xavier, toujours lui — un aboutissement. Alors je suis franchement moulu (280 Kg de bouquins à bouger — le volume fait plus de 500 pages et plus d’un kilo —, des colis et des enveloppes à n’en plus finir), mais eh! quel bonheur.
#1985
Lectures? Une bio de Claude Monet (Monet, une vie dans le paysage de Marianne Alphant, superbe, mais dieu que c’est écrit petiiiit, je me crève les yeux) et le roman Zoo City de Lauren Beukes (de la fantasy urbaine en Afrique du Sud, d’ambiance très cyberpunk). Et niveau bédé le deuxième tome de l’intégrale des Docteur Poche de Wasterlain, pour la délicieuse planète des chats. Délice de la narration et délice du dessin — dommage que ce récit n’ait pas été plus développé, en fait. En revanche, déception pour la préface de l’ouvrage, d’ordinaire les beaux volumes de chez Dupuis Patrimoine ont des introductions passionnantes, cette fois c’est d’une platitude terrible.
Niveau boulot, après avoir maquetté Frank Miller, urbaine tragédie (par Jean-Marc Lainé) avec Julien en trois jours, je peine plus et en solo sur Mythe & super-héros (par Alex Nikolavitch), un peu plus difficile. Mais j’aime le travail de mise en pages, et ces deux bouquins sont vraiment chouettes, à la fois érudits et légers, très bien écrits, intelligents, avec des pointes d’humour, bref c’est un plaisir.