#2081

Ayant terminé, ou peu s’en faut, la mise en page de Super-héros ! par Jean-Marc Lainé, je me trouve plus ou moins libre de ne me concentrer que sur mon polar jeunesse, qui avance tranquillement — hem, à part bien sûr la lecture de plusieurs manuscrits (les débuts des prochains romans de Tim Rey et de Jean-Philippe Jaworski, et de l’essai sur Steve Ditko). Et puis, hier, repos: je me suis rendu dans la campagne près de Bourgoin-Jallieu, chez les parents de mon vieux copain Jérôme. Outre l’amitié, l’attraction des lieux est double: la piscine de la mère et la collection de vieux journaux du père! J’ai donc nagé alternativement dans l’eau bleu et dans le papier jaune.

Comme par un fait exprès, Jean-Daniel Brèque m’avait signalé le matin-même un article de 1913, dans The Strand, qu’il venait de dénicher et qui m’intéresserait pour ma bio de Lupin (Alphonse Bertillon sur les gentlemen-cambrioleur, que rêver de mieux?), et je suis tombé au sein d’une série de vieux Canard enchaîné sur un article d’octobre 1926 également très précieux pour mon Lupin… Je viens donc de pratiquer encore quatre délicieux ajouts à cette bio, qui craque presque aux entournures.

Et puis sinon, comme vous exprimer mon délice à plonger dans tous ces vieux journaux, à consulter le Petit Journal, à voir l’évolution de Match, à admirer de grandes photos de l’enquête sur Landru dans Voilà… Mieux encore, à voir pour de vrai des numéros de périodiques dont j’avais seulement entendu parler, le Chat noir, le Charivari, la Vache enragée? Et le pompon, ce journal anarchiste, La Feuille (datant de 1897), au slogan imparable: « Dix assassinats pour un sou »?! Sans parler de journaux de l’époque révolutionnaire, dont le plus ancien date de 1797 — émotion de tenir une telle feuille entre mes mains.

#2080

Reçu les stocks du recueil de Tim Rey Dans la forêt des astres en même temps que j’apprenais qu’une des nouvelles du premier est nominée au prix Rosny aîné (« Suivre à travers le bleu cet éclair puis cette ombre »). Chic!

Couverture par l’auteur, l’est trop fort ce Tim + en coquetterie une échancrure dans le premier rabat. Eh oui, on s’refuse rien.

#2079

Dormir devrait être une activité agréable, mais en réalité elle est chez moi souvent perturbée, par les nervosités du moment, ou bien comme cette nuit par la touffeur du climat. Somnolant, je me suis mis à penser à un drôle de truc. De nos jours, Gaston Lagaffe serait âgé d’entre 65 et 70 ans. Et voguant entre deux eaux oniriques, j’imaginais fort bien à quoi ressemble Gaston vieux, un peu voûté, une couronne de cheveux blancs, toujours le même gentil excentrique que dans les années 70, cultivant son jardin (il aura certainement hérité du petit pavillon de sa tante Hortense), bidouillant ses inventions, le toit de sa maison couvert de panneaux solaires de traviole. Toujours écolo-gauchiste, le vieux Gaston, du genre à tenir un blogue comme celui de Jean-Louis Fraysse. Et Jeanne Lagaffe, son épouse, toute menue, les cheveux gris tirés en chignon, faisant le ménage, regardant avec adoration son grand fou de mari. Et le copain Jules, à la retraite de chez Smith-en-face, chauve comme un oeuf, son large sourire s’ouvrant sur une dentition clairsemée. Oué, je les imagine clairement, ces retraités là.

Ensuite j’ai dormi un peu, by fits and starts, mes songes je crois sont devenus « ligne claire », je me souviens vaguement de quelque chose sur Des Esseintes, ou bien sur Bel-ami, je ne sais plus (j’ai relu les deux ces derniers temps, quand je n’étais pas dans Proust), mais dessiné par quelqu’un comme Stanislas (avez-vous lu son Perroquet des Batignoles? Du feuilleton absolument parfait, un régal). Bon je sais, j’suis bizarre.

#2078

Le matin j’écris mon polar, l’après-midi j’avance sur une mise en page — ma bio de Lupin étant bouclée, je suis maintenant dans celle de Super-héros ! par Jean-Marc Lainé, un essai généraliste et très agréable, vraiment une très belle approche de l’histoire et des thématiques des super-héros. J’en suis ce soir à 115 pages sur 352. Couv par Sébastien Hayez, bien entendu — ce n’est encore qu’un aperçu, titre et nom d’auteur manquent, et dans l’objet papier réel le losange central sera une découpe, à travers laquelle on lira le titre imprimé au revers du rabat.

#2077

Un petit hommage à monsieur Jean-Louis Fraysse, alias la moitié de Michel Grimaud, avec cet extrait récent de son blogue qui m’avait amusé:

« On commence à parler de venir au secours de nos amis belges en proposant de rattacher la Wallonnie à la France. Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan et Jean-Pierre Chevènement y seraient favorables… Pour ma part, je crois que ce serait une erreur, c’est prendre le problème à l’envers et faire preuve de paternalisme, voire de colonialisme suranné envers nos estimables voisins. Il serait plus judicieux de demander le rattachement de la France à la Wallonie. Notre pays y gagnerait la possibilité de résoudre l’épineuse question soulevée par Eva Joly : la province France paraderait le 14 juillet militairement, et le 21 du même mois le nouveau peuple wallon défilerait joyeusement de Bruxelles à Paris dans une marche triomphale (car nous garderions Bruxelles, évidemment, tout en laissant le roi aux Flamands).«