De retour rue des canettes, Sam me propose de rencontrer le directeur de Buchet-Chastel, avec lequel je m’entretiens donc d’une proposition de collection. L’homme est compétent, il sait de quoi je lui parle et le dialogue semble fructueux. Enfin ai-je l’impression d’avancer un peu dans ce projet.
Afin de continuer dans l’impromptu inhabituel, je passe ensuite chez Nicaise, où Michel-Ange m’accueille avec la gentillesse d’un vieil ami. posant mes affaires derrirèe son bureau, je fais le tour de cette extraordinaire librairie: dans ses reliures modernes se cachent du Matisse ou du Cocteau, par exemple, tandis qu’au mur sont accrochées les pages d’un ouvrage de Cendrars illustré d’aquarelles originales de Sonia Delaunay… Aucun prix d’affiché, bien entendu: nous somems chez les très riches et les grands collectionneurs. A la petite table centrale, deux hommes feuillettent avec précaution de grasses feuilles tirées de beaux coffrets. A l’étage, les vitrines exposent des herbiers très esthétiques et assez poétiques de Marinette Cueco, tirés d’un récent ouvrage de ces fous de PaNaMa – dont un tirage de tête est ici proposé. Le plancher grince sous mes pas, j’admire ces planches de kraft chargées de compositions végétales épurées. En bas, je m’assied un instant à la table, échange ma carte de visite avec celle d’un galeriste et éditeur d’art de Bogota – la Colombie et la richesse, vous imaginez aisément les néfastes associations qui viennent aussitôt en tête!
Au sortir de la librairie, une amie éditrice se charge rapidemment de me remettre la tête à l’endroit: je suis bien moi-même et non une version alternative. Elle me refuse un livre. Trop ceci et pas assez cela — ce livre est maudit, en tout cas on me donne toujours le même type de réponse. Durant la nuit, nouvelle insomnie: les rouages mentaux enfiévrés, je cogite à la manière dont pousser plus encore les particularités de cet ouvrage, le rendre vraiment excentrique; j’ébauche aussi dans ma tête le plan du deuxième Ariel; et je rumine sur les prochains changements à apporter à Fiction… Le lendemain, le levé sera un peu laborieux. C’est la tête embrumée que je blogue, avant de filer chercher à la gare de Lyon mon petit camarade Rafu. Resto russe, Palais de Tokyo et Musée d’art moderne de la ville de Paris, un tour dans le jardin du musée du quai Branly, avant que d’aller tenir réunion de travail chez Mnémos. Le soir venu, nouvelles mondanités mais très retenues, presque intimes: un petit cocktail chez Klincksieck en l’honneur des auteurs récents de la collection « 50 questions » – dont nous faisons partie. L’occasion de rencontrer mon éditrice, avec laquelle je n’avais travaillé que par mail, et d’échanger quelques considérations avec le boss des Belles Lettres, déjà rencontré une fois lors de l’accord des distribution des Moutons électriques. Petits fours et vin rouge, au milieu des dos rouges passés des Budé. De l’autre côté de la vitrine, la nuit efface le mur de la Sorbonne et assourdi le trafic automobile.
Le « 50 questions » dont il est question (ça en fait 51), c’est celui sur la SF ? Il est sorti ? On peut l’acheter ? Tu ne nous dis riennnnn !
wha eh l’ôt, hé! il est paru depuis un bail, avant l’été… « Science-fiction, une littérature du réel ». 🙂