Allez, permettez-moi un p’tit passage à la d’mon temps… (voix chevrotante)
Fut une époque où paraissaient tout un tas de fanzines — il s’agissait de petites feuilles de chou réalisées par des amateurs, tapées à la machine ou sur un ordi faiblard, imprimées tant bien que mal sur des photocopieuses (au mieux !) ou sur des ronéoteuses (aujourd’hui bien oubliées)…
Et puis la technologie s’est améliorée, les photocop se sont largement démocratisées, les ordinateurs également. Puis l’offset s’est mis à être un peu plus abordable, et les couv en couleur itou.
Mais la toile mondiale est arrivée, elle aussi — et les fanzines ont commencé à disparaître. Transformés soit en beaux bouquins très « pro » — genre du maintenant défunt Vagabond des Rêves ou de mon propre Yellow Submarine ; soit en beaux sites web faciles à mettre sur pied & pas coûteux du tout — genre de la 85e Dimension, qui est passée du statut d’affreux fanzine au look rétrograde à celui de rolls-royce des sites français de science-fiction.
Bref : je l’avoue, j’ai parfois un petit pincement, un léger regret quant aux « bons vieux zines » d’autrefois… Et lorsque, comme ce midi, je découvre dans ma boîte à lettres le nouvel opus de KWS, je suis plutôt content !
Parce que KWS n’a pas changé d’un iota. C’est toujours le zine le plus spartiate que j’ai jamais vu — des colonnes de texte, point. Propre, parfaitement lisible, mais sans fioriture : KWS est là pour vous parler de bouquins, faire des chroniques, that’s all. Et je dois dire que je suis toujours aussi passionné par ce qu’ils ont à me raconter : alors que j’admets une lassitude certaine quant à la SF en général, et une indifférence grandissante quant au fandom en particulier. J’ai feuilleté le nouveau Galaxies cette après-midi, presque en bâillant… Et ce n’est pas tout à fait de leur faute (ils ont même une nouvelle maquette fort agréable), mais bien plutôt de la mienne : je ne m’intéresse plus à tous ces potins & ne suis pas certain d’encore aimer tout à fait le même genre de fiction spéculative qu’eux…
La lecture de KWS, elle, me semble toujours passionnante : c’est qu’il y a (par exemple) Éric Vial, qui passe des pages & des pages à nous commenter avec (im)pertinence des bouquins ô combien pointus sur l’uchronie, ou qui nous traduit un article de Valerio Evangelisti à propos du Jihad de Jean-Marc Ligny. Ou une adorable lectrice de ce blog qui dit de belles choses sur mon propre Étoiles Vives 9 (hé, on n’est pas de bois). Ou bien René Beaulieu qui parle avec talent des nouvelle d’Élisabeth Vonarburg… Et encore : le maître des lieux, P.J. Thomas, n’a rien écrit lui-même dans ce n°43.
KWS parle de livres, en parle bien, ne fait que ça, ne mâche pas ses mots, prends son temps & sa place. J’aime. C’est un dinosaure, dans le paysage éditorial actuel, mais un dinosaure précieux.
Et c’est chez Pascal J. Thomas, 7 rue des saules, 31400 Toulouse, contre 10 € les 5 opuscules. Ou bien vous pouvez tout de même en consulter les anciens numéros sur le web, on n’y échappe pas (!), au sein du site des Quarante Deux.