Eh bien, grand grand bien m’a pris d’acheter le roman d’Adam Foulds. C’est une vraie merveille de sensibilité, de style, de clarté, lumineux et précis comme une musique acoustique. Que l’auteur soit poète se ressent dans la densité de sa prose, chaque mot compte, mais rien n’y est encombré. En bref, je suis sous le charme. J’y aperçois comme une identique simplicité et tension émotionnelle que lors des concerts solo de h ou de l’album Less Is More de marillion (que je réécoute en cette minute-même): des moments touchés par une sorte de grâce. Et il y en avait ô combien, de la grâce, dans ce concert de l’autre soir à Islington. Je n’en suis pas encore tout à fait revenu, redescendu. J’y songe encore, la tête pleine de la formidable provision d’images engrangée durant cinq jours londoniens. Tout en achevant avec un immense plaisir, une véritable jubilation, les textes du deuxième Dico féerique. Quelle somme étrange, et quelle force poétique étonnante s’en dégage, naturellement, sans effort conscient de ma part. Je ne fais que réunir les éléments épars, et tout cela est feulant, sifflant, rugissant, griffu, velu, parfois évanescent, les écailles brillent et les queues se tordent, tous ces mystères sont tellement séduisants. Le premier tome était nominé à un prix et ne l’a pas eu, petite déception, mais ce deuxième sera encore plus intéressant, plus original somme toute. Je ne suis pas peu fier, et très amusé, d’avoir concocté hier une entrée entièrement à base de Flaubert et d’un tableau de Turner.