D’un côté de l’allée centrale, le slogan publicitaire est « Is your relationship going nowhere? », de l’autre c’est « Nowhere to turn? ». S’agit-il donc d’un bus pour neurasthéniques, ou bien l’existence à Guernesey est-elle donc si triste? En tout cas je n’ai pour la part rien trouvé de morne à ce trajet tout autour de l’île, à bord de l’autobus no 7. Des quais de St. Peter Port, la capitale de Guernesey (une très jolie petite ville), jusqu’au retour sur ces mêmes quais, le bus voyage durant une heure quarante, dans un paysage rurbain (c’est-à-dire une campagne très habitée, comme dans le sud de l’Angleterre) parfaitement et même presque trop ravissant: tout est absolument propre, peigné, impeccable. Je soupçonne le bailly d’avoir institué une police du bon goût: si tu ne t’occupes pas bien de ton jardin, si tu ne repeins pas ta façade, crac! Au trou. Sont fous, ces Anglais.
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#2049
Room 309, un hôtel à St. Helier, capitale de l’île de Jersey. Tout près de la France, une véritable Angleterre en miniature, rigoureusement reconstituée. Sont forts, ces Anglais. Tout y est: le thé au lait, les jonquilles, les old ladies, les likely lads, les maisons pastel, la conduite à gauche, les robes à fleur de chez M&S, les jacket potatoes, les petites églises en grosse pierre qui arrondissent le dos comme un chat prêt à bondir, les voitures qui n’écrasent pas les piétons, la bruine, les livres sterling… Sauf que ces dernières ne sont pas Bank of England mais States of Jersey… Le touriste urbain que je suis se trouve presque étourdi par tant de grand air marin, on va dire que ce sera mon approche de la verdure de l’année, et je soupçonne que ça me suffira pour un bon moment. But that’s awfully nice. Imaginez un peu: se retrouver pour de bon dans le Pays du dauphin vert (je suis fan d’Elizabeth Goudge, one of my many perversions).
#2048
Arrêt en gare du Mans: de laides ailes de ptérodactyle couvrent les quais gris, devant une longue gare d’une navrante platitude un peu négligée. Ce genre ordinaire est finalement bien plus coupable, esthétiquement, que la franche laideur, qui avec le passage des ans peut parfois prendre un style. La gare du Mans s’avère en cela nettement plus lamentable que le parking années 70 en béton qui la jouxte.
Laval n’est guère mieux: mortelle Sibérie des sous-préfectures. Le faciès jaunâtre des façades ne présente que des regards hébètés, fenêtres béantes.
#2047
Je sais, je sais, je cause pas beaucoup. Eh, pour une fois que je n’ai pas des tonnes de trucs à dire… J’ai passé pas mal de temps à relire et annoter le manuscrit de Super-héros! par Jean-Marc Lainé, un Bibliothèque des miroirs qui sort en octobre prochain (couv par Sébastien Hayez) ; et à rentrer les corrections dans le roman Wastburg de Cédric Ferrand (qui file chez l’imprimeur le 1er juillet, en compagnie du deuxième recueil de Tim Rey et de la réimp du gros essai sur Miyazaki). Les tâches éditoriales habituelles, quoi. Plus quelques brainstorms aussi excitants que fructueux pour l’avenir des Moutons électriques. Du coup, j’avais commencé un très beau roman post-Harry Potter, The Magicians de Lev Grossman, mais ça fait plusieurs jours que je n’y ai plus mis le nez. Et niveau bédé, je n’ai lu que la (délicieuse) première reliure des King Aroo de Jack Kent, du comic strip rigolo comme j’aime. Télé? Toujours du britannique de première qualité: les nouvelles séries policières Case Sensitive, Scott & Bailey et Case Histories (cette dernière d’après les formidables polars de Kate Atkinson), et la série fantastique Marchlands. Sont forts ces Anglais.
#2046
Difficile de parler de mes lectures actuelles, pour l’essentiel constituées de vieilles choses absolument introuvables, lues ou relues pour ma doc sur Arsène Lupin, pour les anthologies en préparation sur les détectives de l’étrange et les détectives victoriens, ou bien encore pour préparer d’autres futures publications de la Bibliothèque voltaïque. Au sein de tout cela, j’ai cependant relu aussi du plus récent: un chef-d’oeuvre du grand Franquin, QRN sur Bretzelburg — bonheur toujours renouvelé que celui de la lecture de « Spirou et Fantasio » du maître. Dans la version intégrale, bien sûr. Gros regret d’ailleurs de n’avoir pas eu les moyens, à l’époque, d’acheter l’édition très grand format et avec crayonnés. Et puis un roman, The Land of Laughs de Jonathan Carroll (Le Pays du fou-rire). Captivant, grinçant, merveilleux, tellement original.
