#216

J’ai interrompu ces derniers jours mes lectures courantes, afin de me plonger dans quelques ouvrages ô combien désuets.

Il fallait en effet que je travaille sur un article (un « Petit maître de la fantasy » pour la revue Faeries), et je m’étais gardé un bouquin à lire pour cet article — Anthony Hope, l’auteur du Prisonnier de Zenda. J’ai donc lu le recueil de nouvelles The Heart of Princess Osra, de manière à me replonger dans le style de Hope & par conséquent dans mon sujet. Hope y conte des épisodes situés au XVIIIe siècle, de la vie de la princesse Osra, dont l’excessive beauté fut la perte de plus d’un homme. Hope s’y amuse à batirt un passé crédible pour le pays qu’il avait imaginé dans le Prisonnier de Zenda (situé à la fin XIXe), à savoir la Ruritanie. On apprend qu’à tel endroit se dressait le White Palace — détruit lors des troubles populaires de 1848, et désormais remplacé par un jardin public. Ou que là où fut plus tard dressé le château de Tarlenheim, se tenait une forteresse ancienne… Les contes eux-mêmes sont assez outrageusement désuets, futiles & reflétant une morale qui nous est désormais étrangère, mais ils se laissent encore lire avec un certain plaisir — et leur tonalité n’est pas si éloigné, somme toute, de certains des contes de fée d’Orson Scott Card, par exemple.

Dans la foulée, et dans le même but, j’ai lu deux nouvelles d’Avram Davidson, du recueil The Adventures of Doctor Eszterhazy, situées elles dans le petit royaume de Scythia-Pannonia-Transbalkania. Davidson s’était amusé à inventer un pays semblable à la Ruritanie, et à y mettre en scène un enquêteur aussi savant que magicien, le Docteur Eszterhazy. Des nouvelles tordues & bizarres, mais plaisantes. Avram Davidson est un des grands excentriques de la littérature de l’imaginaire anglo-saxonne moderne — avec par exemple Howard Waldrop. Son style & son imagination demandent toujours un temps d’acclimatation, mais valent bien ce menu effort de la part du lecteur…

Ah, et puis, tant qu’à lire du Davidson, j’ai ouvert un recueil récent, The Other Nineteenth Century (où une nouvelle oubliée d’Eszterhazy a été tardivement insérée) — et y ai déniché « The singular incident of the dog on the beach »: trois pages d’un petit délire de Davidson sur Watson & Holmes.

Et puis enfin, alors que j’approfondissais ainsi ma science ruritanienne, j’ai reçu au courrier (pour une raison que je ne m’explique pas) la réédition en poche d’un classique du roman policier: L’Affaire Lerouge d’Émile Gaboriau (chez Lliana Lévy). Le tout premier roman policier, en fait! L’inventeur du genre, avant même The Moonstone de Wilkie Collins… Ayant depuis belle lurette envie de lire ce roman, je m’y suis donc plongé tout de suite. Avec une délectation amusée: ah, ce français du XIXe! Quel délice!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *