#408

Fin de journée. C’est l’heure à laquelle la lumière s’allonge.

Le soleil donnant ses plus beaux feux emplit soudain le salon d’une gloire fauve & or, le blanc du mur se gorge tant de lumière qu’il se lisse, plus aucune aspérité ; l’encadrement de la porte vibre d’un safran chaleureux ; sur le parquet emplit d’ambre la fenêtre étire son reflet d’exagérée manière, comme dans une illustration de Bézian ou d’Andréas. Chaque détail de la bibliothèque semble devenir visible, net, ardent, détaché. Table & chaises se découpent en une franche blondeur.

Buvant l’instant, je ne bouge plus du tout. C’est presque malgré moi que je tente de retenir le privilège d’un moment. Je sens avec acuité chacun de mes muscles, mes mains, mes sourcils en broussaille, la mèche qui me chatouille le front, ma respiration devenue contrôlée, un plissement de ma bouche, une ride du front — et cependant pas d’inconfort, je ne peux/veux plus bouger/parler tandis qu’en moi se soulèvent et se rabaissent de grandes vagues, des vibrations ou des émotions, je ne sais plus, j’essaye de ne pas penser, juste les frissons de la musique & de la lumière.

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