Tableaux Tuileries (2)
Chaque fois que je vais à Londres je ressens l’impression de plonger dans la littérature, mais à Paris c’est de peinture qu’il s’agit. Paris est la ville impressionniste par excellence! Il suffit d’admirer cette ancienne gare de La Muette, par exemple, avec les arbres en symphonie d’or & les avenues qui se perdent dans la brume matinale, les grilles sombres du chemin de fer & le zinc brillant des toitures. Monet, Manet, Goeneutte ou Caillebotte: impressionniste vous dis-je!
On ne saurait mieux débuter un séjour parisien: ici les avenues se nomment Raphaël, Ingres ou Mozart. Ici l’automne sème des sequins sur les pelouses d’un vert dru, sous la chevelure rousse des arbres du Ranelagh, en attente tels des vieilles dames. Ici claque au vent un drapeau aux armes de Claude Monet, comme un fanion japonais pour annoncer le musée Marmottan.
Ah, Monet! Presque une obsession, chez nous. En tout cas, toujours une fascination. Mais qu’en dire? Comment décrire cette impression de submersion, le va-et-vient du grand au petit, le papillon exalté qui volette dans ma poitrine, la plongée dans la matière, toutes ces fibres, toute cette lumière… & ce tronc d’arbre, qui pulse de couleurs comme éclairé de l’intérieur, presque effrayant, Monet a vu sous l’aspect du végétal & tout comme Jacques Lacarrière il est passé dans le « pays sous l’écorce ».