#524

À 2h35 du matin un claquement sec résonne dans l’appartement. Je ne me lève pas tout de suite mais ai les yeux grands ouverts & les oreilles aux aguets. Qu’est-ce qui est tombé? Au pied de mon lit les deux chattes échangent petits miaulements & lèchouilleries. Ne retrouvant pas le sommeil, je me décide à me lever, d’ailleurs il fait un froid glacial, je vais aller remonter le chauffage. Sur le pas de la porte de ma chambre, les coupables: un petit tas de cartes postales & de plaquettes diverses (fanzines etc), qui se tenait jusqu’à présent au bord d’une haute étagère. Zut. Je l’enjambe, vais à la cuisine tourner le bouton de la chaudière.

Mais ensuite: impossible de me rendormir, bien sûr. Au dehors gronde & siffle & secoue un véritable jabberwock, la pluie cingle les vitres, le vent gémit… Une rafale plus forte fait même trembler l’immeuble — pas étonnant que ce tas de documents ait chuté. Cotonneux, nauséeux, une crampe dans la jambe droite, je me tourne & me retourne. Patiente Nina qui demeure blottie contre moi, mignon chat en boule, en dépit de moult froissements de draps & secouages d’édredon. Sa fille n’a pas tant de retenue, cette nuit: Drusila d’ordinaire si calme, si endormie, semble électrisée par la tempête. Petits miaulements, griffes sur la moquette, jeu avec une planchette bancale… Et lorsque cela ne suffit pas, hop! un saut sur mon lit, pour provoquer Nina. Raté? Hop! nouveau saut, bon sang, maudite chatte! Pchh, fout l’camp!

En rêve & hors rêve, va-et-vient d’insomnie, je suis quelque part à Londres avec Olivier, ouvre un oeil, toujours la lune blafarde & les doigts grêles de la pluie, me retourne, Londres encore puis un cauchemar indistinct, déjà oublié, et encore les gifles brutales de l’averse qui redouble d’intensité contre la fenêtre… Au petit matin je sens enfin que Morphée veut bien de moi, un peu: BANG! Dans le grenier au-dessus, le fracas soudain d’une porte, délogée par le vent! Ce dernier coup marque la fin des hostilités, la bourrasque chuchote puis se tait, la ville retrouve son silence — juste avant que le réveil d’Olivier ne vriiiiiiiiille le demi-jour grisâtre, réduisant en lambeaux mon faible voile de sommeil.

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