Lectures, lectures? Tant de livres, tout le temps. L’amusant Félidés de Akif Pirinçci — pas une faute de frappe, non, mais bien le nom d’un écrivain turquo-allemand, auteur d’un étrange polar très noir mais très décalé, puisque l’enquêteur est un… chat!
Dans le genre polar étrange, aussi: Journal d’un ange de Pierre Corbucci. En Série Noire, une amusante et captivante enquête sur la Terre comme au Ciel (mais surtout Là-Haut), sur d’inexplicables disparitions d’anges gardiens. Un Ciel où Grand Hall d’accueil des morts a été décoré par Vinci et Michel-Ange, où le système éducatif réformé par Socrate, et où gronde un scandale immobilier: les terrains du Purgatoire, à l’abandon, doivent être bientôt revendus aux Enfers! Eriel, l’ange inquisiteur chargé de l’affaire, a le cynisme nonchalant d’un Sam Spade et tout ce court roman se lit comme l’hybride aussi étonnant que réussit d’un roman noir hard boiled et d’un « monde secondaire » de fantasy d’inspiration chrétienne
Pas étrange du tout, bien au contraire, un polar terriblement anglais: Hide My Eyes de Margery Allingham, je ne sais plus où j’avais lu qu’il s’agit d’un classique du genre. Sans doute! Datant de 1958, il s’agit d’une enquête policière à Londres, faisant se croiser un important casting de personnes très attachants, minutieusement agités, croqués, brossés & habités — remarquable, vraiment. Avec des crimes captivants & inquiétants, un tueur inhabituel & une plume faussement tranquille. Pas terminé de le lire, je savoure.
Relu La Bibliothèque de Villers, de Benoît Peeters. Un ami, spécialiste de Schuiten, me l’avait prêté il y a des années de cela. Une novella, d’ailleurs, plutôt qu’un roman, que j’ai trouvé il y a peu rééditée en poche tout joli (sous couverture de Schuiten, bien sûr) chez Labor. Du pur Peeters, obscur & énigmatique à souhait, parfaitement dans la lignée de ses « Cités Obscures », justement. Suit dans cette édition un essai sur Agatha Christie — pas encore lu.
Science-fiction, tout de même: A Woman of the Iron People d’Eleanor Arnason. SF ethnologique à la Le Guin — mais en mieux, finalement, mais si, j’ose le dire. Et en fantasy, The Knight de Gene Wolfe — mais je vous recopierai ici mes fiches de lecture.
Et un peu de philo: La Prose au monde de Merleau-Ponty. Et des nouvelles, plein. Par exemple, des recueils de l’écrivain serbe Zoran Zivcovik (quelque part entre merveilleux, SF & Borgès). Ou toujours L’éléphant s’évapore de Murakami, dont je goûte à petites doses la suave étrangeté, l’amour du rien, du vide, du quotidien qui dérape, mais à peine. Des territoires de l’inquiétude qui souvent, paradoxalement, sont emplis de lumière.