#592

Paris encore, suite

Retour à Orsay, le matin. Trop de public, hélas, & surtout: trop de chefs d’oeuvres! J’aime y retourner régulièrement, très vite, pour ne goûter que l’architecture & puis quelques toiles — pas tout, je me sens vite débordé, tant de beauté, le regard sature. Le tour alors de quelques favoris, « Vue de toits, effet de neige » de Caillebotte (1879), « Nocturne au Parc Royal de Bruxelles » de William Degouve de Nuncques (1897). Des Monet bien sûr — nous sommes après tout en compagnie de Philippe Claerhout, le guitariste de XII Alfonso, qui nous a confié la veille un CDR de la pré-maquette du volume deux de la trilogie Monet. Les panneaux de Toulouse-Lautrec pour La Goulue: amusement, après avoir vu & revu le « Palette » qui leur est consacré. Amusement aussi, devant « Les Dindons  » de Monet — quel sujet!

Je demeure longuement fasciné en revanche par « Palais de justice, Pontoise » de Pissarro (1872): l’impression de déjà-vu, de me trouver plonger dans une quintessence de la province française, il pourrait s’agir d’une morceau de Touraine, ce tableau éveille en moi des émotions enfantines, de vagues souvenirs, chinon, la campagne, le ciel gris & les corbeaux au-dessus des arbres dénudés…

Et puis entre temps, hier soir, le concert de marillion à l’Élysée-Montmartre. Je songeais à la manière de l’écrire, mais comment ne pas rester périphérique, superficiel? Alors oui, les moulures usées de la salle qui a vu La Goulue & Toulouse-Lautrec, mais aussi Nadar montant le ballon qui devait permettre à Gambetta de franchir le siège prussien pour s’envoler vers Bordeaux… Et surtout: un marillion plus en forme que depuis dix ans, je fus à mon tour soulevé, transporté — entièrement plongé dans la musique. Mais je ne saurais en dire plus, décrire ce bonheur synesthétique, mes mots d’apprenti-écrivain manquent pour cette émotion. « Marbles » magistral. Tant de lumière dans l’obscurité.

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