#597

Paris encore (fin)

Matin parisien: quittant mon perchoir (l’appartement de Jean, tout en haut d’une tour), je vais prendre un thé au resto où bosse Fany. Il fallait que je lui rende le manuscrit d’une de ses copines, lu la veille au soir. Belle histoire mais style encore un peu trop léger: comme si elle avait posé sur son tableau une couche de peinture par endroits un peu trop fine, le fond s’aperçoit, la trame de la toile (clichés, maladresses). Lecture rafraîchissante, pourtant. J’ai pensé notamment aux bédés de Jean-Philippe Peyraud, l’élément lesbien en plus.

Le jour froid & monochromatique bâille en gris. Dimanche de pluie. Fany frissonne, s’étant trempée pour aller acheter de quoi confectionner les petits-déj’ juste au moment où s’abattait la grosse averse. En sortant du petit restaurant, j’opte pour la montée: je peux me promener dans Montmartre en évitant le plus gros des touristes, ceux-ci se pressant dans un espace restreint. Le quartier ne cesse de me séduire — oh oui, charme classique, c’est le cliché parisien, archi-connu, mais cela n’invalide en rien la beauté de Montmartre. Les ombres du passé sont partout, un XIXe siècle qui m’est cher. J’ai le sentiment qu’à Paris plus encore qu’à londres, le passé est particulièrement prégnant. Londres étant devenue une capitale de l’architecture contemporaine, le high-tech s’y fait au présent que le XIXe, en harmonie. Tandis que Paris n’a rien d’aussi flagrant dans sa modernité.

Un tour au Musée de Montmartre, tiens. Paris toujours impressionniste: une immense toile féerique de Willette, de nombreux tableaux (Pascin, Carrière, des tas de petits peintres locaux déjà oubliés, et même une rue enneigée anonyme, pourtant l’une des plus belles toiles des lieux). Une jolie plongée entre Commune et Lautrec, avec par les fenêtres la grâce roturière des jardins & des vignes gonflés d’humidité, au-dessus d’une ville blanches & bleue.

Des tours & des détours autour de la Butte. Trottoirs vernis d’eau, escaliers abrupts & chants d’oiseaux printaniers.

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