A Reminiscent Drive
Ou bien ce titre ne devrait-il pas mieux être quelque chose comme « Ma vie au bordel »?
Parce que j’ai habité durant deux ans dans un bordel, une maison close, si, si.
Au 13 rue Léon-Valade, en plein centre de Bordeaux. Dans un petit immeuble anonyme, tout près de la Galerie des Beaux-Arts. La dernière fois que je suis passé à Bordeaux, il doit y avoir deux ans au moins, les bulldozers venaient d’emporter une partie du quartier et aujourd’hui il n’en reste plus rien.
Cette rue, et deux ou trois autres, formaient le dernier carré du vieux Mériadeck, un quartier populaire qui, tout comme le Tonkin à Villeurbanne par exemple, ou comme la Vilette, l’ex-village où j’habite maintenant, sur la rive gauche de Lyon, se trouva dans les années 1970 au centre des grands projets urbanistiques de l’ère pompidolienne. Avec bien entendu centre commercial clot, passerelles et tours éparses. Arguons tout de même que, contrairement au piteux résultat de La Part-Dieu, Mériadeck n’appartint pas (tout à fait) à la cohorte de ces projets bâclés et mal conçus qui défigurèrent nombre de centre-villes. De fait, je dirai même que j’aimais bien me promener dans Mériadeck, lorsque j’habitais à côté. Il faut dire qu’ayant passé mon adolescence à Cergy-Pontoise, j’ai des références esthétiques sans doute un peu « différentes » de la majorité, en matière d’urbanisme seventies.
Le dernier carré: on m’a dit qu’autrefois, si commune était la prostitution que de grosses bonnes femmes s’installaient sur la rue sur des sièges en toile, afin de raccoler tranquille. La rue Léon-Valade et ses ultimes voisines n’avaient plus une telle outrecuidance, mais quelque chose demeurait tout de même de l’ancienne gloire péripapéticienne, en la personne de Madame Zimmermann.
(to be continued)