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La fée de Chelsea (2)

Rossetti et Siddal devinrent rapidement amants et, en 1854, lors d’un voyage à Hastings, elle eut l’occasion de se rendre aux domaine de Scalands, où résidait une autre jeune artiste, Barbara Bodichon. Là, Lizzie posa de profil avec des lys dans les cheveux, pour Dante Gabriel Rossetti, Barbara Bodichon et Anna Mary Howitt, une autre jeune femme aux aspirations artistiques. Une série de croquis témoignent encore de nos jours de cette séance de dessin.

Il n’était pas alors aisé pour des femmes de faire profession artistique : soit qu’elles dussent se débrouiller sans aucune aide, comme Anna Blunden et Elizabeth Siddal, soit qu’au contraire elles aient à affronter la réprobation familiale, comme Marie Spartali Stillman et Evelyn De Morgan. Ce n’est que peu à peu, en avançant vers la fin du siècle, que les femmes commencèrent à pouvoir accéder à une éducation supérieure et à des activités artistiques. Ainsi Kate Bunce et Eleanor Fortescue Brickdale bénéficièrent-elles du support de leur famille et de la libération des mœurs. Il n’exista pas à proprement parler une « sororité préraphaélite », mais Holman Hunt fini par reconnaître pleinement, en 1905, l’importance de l’apport féminin au mouvement préraphaélite.

En attendant, les frères Rossetti, Dante Gabriel et William Michael, ne se montraient pas insensibles aux aspirations de leurs contemporaines, et ils finirent même par faire un peu changer d’avis John Ruskin, le grand patron des arts, pourtant fort réticent quant à l’idée de femmes peintres. En 1855, Lizzie obtint son patronage et put ainsi voyager à Paris, puis à Nice où elle se rendit afin d’un peu restaurer sa santé fragile.

Sa première exposition officielle fut au sein du salon préraphaélite de Russell Place, en 1857, et l’une de ses aquarelles fut même incluse dans une exposition d’art britannique qui tourna aux Etats-Unis. En 1857-58 revint à Sheffield, où elle suivit des cours dans une école d’art, puis à Matlock dans le Derbyshire. Cependant, elle posait toujours pour les artistes de la mouvance préraphaélites, et sa longue silhouette blonde illumine de nombreux tableaux de cette époque.

(à suivre)

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