#811

Je me suis endormi après avoir entamé la lecture d’une biographie de Hercule Poirot, et en ruminant les problèmes apparemment incompressibles de chronologie de la carrière de cet homme. Et dans la fraîcheur enfin retrouvée, je me suis souvenu de la couleur de la mer à St Ives, cette eau si incroyablement transparente qu’elle offrait un dégradé depuis le jaune délicat du sable jusqu’au vert des profondeurs, en passant par toutes les teintes possibles d’un bleu translucide…

Je me tenais sur le perron de la Tate St Ives, dominant la plage depuis sa belle rotonde Art déco — deux personnes marchaient sur le sable, sous un ciel chargé de nuages presque violets à force d’être sombres. Il s’agissait d’Hercule Poirot, dont je reconnus le physique callipyge (ah, David Suchet!), en grande discussion avec une dame en dentelles qui semblait lui faire moult reproches. Margery Alligham, réalisai-je (une formidable écrivain de polar des années 30)… La lumière de la mer faisait briller le dessus du crâne de Poirot, en forme d’oeuf.

#810

Ce matin, à la presque fraîche, je suis allé à la Poste – zut, encore un invraisemblable SP des ahurissantes éditions Bénévent, mais comment font-ils, c’est du compte d’auteur ou quoi? Enfin bref, au retour je traverse la petite place Ste Anne, sur un des bancs de laquelle sont assis deux petits vieux. L’un d’eux déclare:

« Des girafes, y’a des endroits, y’a que ça. »

#809

Miam: il faut suivre les enquêtes de Jonathan Creek, sur France 4: une série policière britannique savoureuse. Des intrigues amusantes et bourrées d’idées tordues, à base de meurtres en chambre close et autres crimes impossibles. Le tout résolu par un jeune prestidigitateur grassouillet et indolent, joué par Alan Davies (le « Bob » de Bob and Rose). Tous les mardi et mercredi soirs.

#808

Dans la glorification du « travail », dans les infatigables discours sur la « bénédiction du travail », je vois la même arrière-pensée que dans les louanges des actes imeprsonnels et conformes à l’intérêt général: la crainte de tout ce qui est individuel. On se rend maintenant très bien compte, à l’aspect du travail — c’est-à-dire de ce dur labeur du matin au soir — que c’est là la meilleure police, qu’elle tient chacun en bride et qu’elle s’entend vigoureusement à entraver le développement de la raison, des désirs, du goût d l’indépendance. Car le travail use la force nerveuse dans des proportions extraordinaires, et la soustrait à la réflexion, à la méditation, aux rêves, aux soucis, à l’amour et à la haine, il place toujours devant les yeux un but minime, et accorde des satisfactions faciles et régulières. (Friedrich Nietzsche, Aurore, 1881).

#807

Hier matin, traversant le centre commercial près de chez moi, j’ai vu une de ces idées horriblement idiotes dont les grandes sociétés commerciales ont le secret. Un parfumeur affichait en immense « Bar à ongles ». Brrr: aussitôt, je me suis mis à imaginer un comptoir de bar où s’agiteraient de gros doigts, que viendraient grignoter les personnes habituées à se ronger les ongles…