#787

>> Devon & Cornwall (fin)

Je n’avais jamais vu tant de ports: Penzance, St Ives, Plymouth, Torquay… Ce séjour fut celui du grand bol d’air et du vent qui bouscule. Et chaque fois une mer différente, roulant des vagues qui grises, qui bleues, qui vertes, qui d’une clarté cristaline (à St Ives), qui d’une opacité rébarbative (le dernier matin, au pied de la citadelle de Plymouth, tandis que, sous la bruine, un cormoran étend ses ailes pour se sécher, les palmes plantées sur des rochers couleur de sang séché). Et les ricanements des mouettes ponctuant tous ces décors, qu’ils soient d’alignements de victoriennes, d’humbles maisons blanches, de solides bâtisses en grès, ou de crêmeux hôtels balnéaires.

Il s’avère un peu désorientant, le soir venu, de lire Frédéric et les amis des hommes, l’essai de Jean Borie sur L’Éducation sentimentale de Flaubert — au son des goélands. Fichu Borie, qui frappe si juste et me renvoit tout le temps à mes propres manques, donne des mots aux interrogations qui sont les murs auxquels je ne cesse de me heurter et qui, la nuit, me réveillent par des pointes d’angoisse… Les questions de désir et d’horizon résigné. Et puis aussi, ce cruel « On ne se convertit à la bonté que par impuissance de réaliser ses désirs. »

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