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Beautiful, Paris (2)

Notre dernier repas fut également bien parisien: une salle aux soubassements noirs et aux murs couverts de miroirs, aux alentours des Champs-Elysées — non loin d’un salon de coiffure ultra-chic où, sales mômes pouffant, nous admirâmes le cuir chevelu épars d’une vieille bourgeoise. Plats bien parisiens, clientèle bien parisienne, en particulier cet évident habitué, vieil excentrique en cape et bottes pointues, qui s’installa la lippe atrabilaire non loins de nous, en compagnie de son minuscule toutou. On aurait dit le frère ermite urbain de Jean Topard, épaules courbées sous le poids du monde, solitude hautaine et douloureuse.

Importants, les repas, afin de ponctuer de saveurs le confort dilettante d’une flânerie lutécienne. Le plus esthétiquement satisfaisant fut sans doute celui pris à la « Cantine russe », juste à côté de la Fondation Mona Bismarck. Il y avait comme une sorte de suprême élégance à découvrir un restaurant russe sur notre chemin juste au moment du repas, savourer un borsch après avoir passé la journée précédente à écarquiller mirettes devant Golovine, Répine, Bilibine, Kouindji ou Vroubel. Le réel s’esthétise tout seul, parfois: serendipity.

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