#1010

Ouf: une grosse pluie d’orage.

En dépit des 30° dans l’appart, gros boulot aujourd’hui. Déblayage d’une partie des mails. Du courrier. Refait les docs pour mon diffuseur perdus par la Poste (youpi). Encore changée-corrigée-augmentée la maquette du Hercule Poirot, en attendant d’avoir le matos pour le Fantômas. Reçu le recueil de Thomas Burnett Swann dont j’ai « révisé et augmenté » la traduction, chez Folio-SF (La Forêt d’Envers-monde).

#1008

J’évoquais hier soir le travail de mon ami JPJ. Alors, avant de quitter demain matin la kâpitale pour aller entendre h à Lille (chic chic chic), une brève évocation de ce travail… Il est un peu fou, JPJ, je crois. Et c’est ce que j’admire. Plutôt que de bloguer comme je le fais ici présentement, à destination du web, ou à défaut d’éternité les « posts » restent tout de même fort longtemps en ligne et où l’on peut, éventuellement, être lu – où, en tout cas, on a la possibilité d’être lu… JPJ, lui, en amoureux invétéré, presque fanatique, du papier, du livre, et même: du petit livre en format A6 (format rare en France mais apparemment courant au Japon, ai-je appris par lui), bref: en enfant marqué par les « mini-récits » de chez Spirou (c’est lui qui le dit), JPJ publie chaque semaine un mini-comix, ce qu’il nomme son « Mini de la semaine ». Si, si, vous avez bien lu: de manière hebdomadaire. Et il s’y tient, l’animal: j’ai reçu de ses mains jusqu’au n°69, l’autre jour. Alors, de quoi s’agit-il? D’une feuille normale pliée uis repliée, et coupée au cutter: au résultat, 8 pages en format A6. Sur lesquelles JPJ glose et cogite, nous livre quelques brides de sa vie, surtout de sa vie de l’esprit. En dessins simples mais beaux, en textes fins et séduisants, le plus souvent autour de la BD et de la théorie de la BD. Mais pas seulement.

Et puis comme si cela ne suffisait pas, le JPJ publie aussi, de manière très irrégulière, un autre fanzine, format A5 celui-là: « Improbablement ». Il en est au n°15. Et là, c’est sa vie qu’il raconte. Autobio, de même dessin très simple. Il est fou, je vous dit: il a des tonnes de planches d’avance, un retard énorme depublication de cette autobio, et cependant il tarde à sortir de nouveaux « Improbablement ». Parce que JPJ ne recherche pas un lectorat. Du tout. Il crée, il dessine, il réfléchit. Il (se) raconte. Et ses fanzines, il ne les tire qu’à 30 exemplaires, ne cherchez pas, il ne les vend pas: il les offre à ses amis. Et encore: il ne les poste pas, il les donne de la main à la main lorsqu’on se voit. Ainsi ai-je récupéré les « mini de la semaine » du n°12 au 69, cette semaine!

Et dévorés, je les ai, illico. Touché, amusé, passionné, séduit. Comme d’habitude. Merci. J’ai bien de la chance de faire partie des amis de JPJ, moi j’vous dis.

#1007

Eh bien, qu’ai-je fait depuis lundi… Oui, je suis toujours à Paris. La chaleur s’est faite nettement moins écrasante depuis hier. Mardi, j’ai voulu faire une promenade du « Times Out » sur Paris, celle qui, dans le 16e arrondissement, permet de découvrir de nombreux chef-d’oeuvres architecturaux modernistes. J’avoue avoir canné avant la fin… Et pourtant, c’était une promenade superbe! Plein d’Hector Guimard (à commencer par le Castel Béranger, par lequel débute le tour et que je suis vraiment heureux d’avoir enfin vu de mes yeux), un peu d’Henri Sauvage, un peu de Le Corbusier, un immeuble d’Auguste Perret, où il avait son atelier (hélas bien décatit, cet immeuble, c’est assez triste), et surtout: la rue Mallet-Stevens. Grand, immense plaisir que de contempler enfin cette rue mythique, aux construction ô combien impeccables, d’une rigueur admirable dans la beauté géométrique. Admiration.

Mais il faisait vraiment trop chaud et j’ai déclaré forfait avant la fin de la promenade. Que je referai certainement une autre fois. Auparavant, j’avais déjeuné avec mon petit camarade Thibaud E., ce qui est toujours particulièrement agréable (et il ne cesse d’être de plus en plus beau, l’animal). Et le soir, dîner chez mon petit camarade Sébastien G., qui s’est aménagé une tanière proche banlieusarde d’une formidable élégance. Quel cadre, quelle déco! Occasion aussi de faire connaissance de sa compagne: je crois que la sympathie fut instantanée. Une nouvelle amie, j’espère! Et connaissance enfin de ses deux adorables chats. Impeccable soirée, donc.

Mercredi, voyons voir, que fis-je mercredi au juste? Hum, surtout deux trucs pas super rigolos mais très très nécessaires, professionalement parlant, dont une réunion représ. Ah tiens, d’ailleurs, j’ai oublié de préciser que mardi matin, j’ai rédigé mon article/travelogue sur les traces parisiennes de Fantômas. Ayant regagné la civilisation (mon diffuseur est au fin fond d’Ivry), l’estomac dans les talons, j’ai pris quelques sandwiches afin d’aller m’étendre dans mon parc favori: celui de Bercy. J’ai déjà dit ici, je crois, tout le bien que je pense de ce parc contemporain, à l’aménagement sempiternellement astucieux et esthétique. C’est donc sous un petit arbre et non loin des cubiques façades de Jean Nouvel que j’ai déjeuné, que j’ai un peu cogité sur un projet de roman, et qu’enfin j’ai légèrement siesté – jusqu’à ce que, une fourmi m’ayant mordu l’oreille, je me réveille pour constater qu’une pluie orageuse débutait (juste quelques gouttes très espacées). Quittant la douceur de cette petite butte herbeuse, je traversai pour l’autre côté du parc – où je m’installai un moment encore, toujours cogitant. C’est assez excitant, de réfléchir à un nouveau bouquin. Tranquillement, je dirigeai ensuite mes pas vers la Seine, pour aller voir l’expo d’Henry Darger à la Maison Rouge (un petit musée d’art contemporain, que je ne connaissais pas encore).

Première expo de Darger en France. J’avais publié un article sur Darger dans le premier « Fiction », souvenez-vous (par Elizabeth Hand). Grand intérêt de les voir en grand et en vrai. Malsains, très étranges, assez perturbants, mais une expérience fascinante.

Le temps de traverser, il était l’heure de mon rendez-vous. Et je terminai la journée par une petite errance du côté des quais, à faire les bouquinistes… Avant de remonter tout doucement vers Bastille puis Charonne, pour aller dîner chez un mien ami, JPJ. Qui reprenant la direction d’une revue de critique sur la BD, « Comix Club », me proposa d’écrire pour icelle: croyez-vous que j’allais refuser? Que nenni: je suis trop content d’enfin avoir une jolie occasion d’écrire sur la BD. Et le JPJ de m’avalancher sur ses productions de l’an écoulé… But more later!

#1006

Trois jours à Paris, déjà. Sous une bonne grosse canicule: tous les soirs, je rentre totalement « pégueux » (c’est du Provencal: collant, moite). Il y a un peu de vent, ce n’est pas désagréable du tout – je me plains souvent du froid sibérien de mes séjours parisiens hivernaux, je ne vais pas me plaindre également lorsqu’il fait beau temps, hein? J’espère seulement avoir pris assez de fringues de change pour la semaine…

Mon oncle et moi fîmes donc la promenade dans le Paris de Fantômas et de l’étrange, que j’avais prévue. Bel itinéraire littérairo-touristique, que je ponctua de commentaires sur le dictaphones (en vue du reportage dont j’ai entamé la rédaction ce matin), tandis que Jean prenait des photos. Nous avons fait ça en trois fois, bien qu’il s’agisse tout de même d’un parcours réalisable en une seule promenade. De Montmartre au Quai des orfèvres.

Dîner avec Jean et Daylon, hier soir,d ans notre restau nippon favori. Ce midi, excursion avec quelques amis au fameux « déjeuner du lundi » des vieux de la vieille de la SF parisienne. Légère prise de bec avec un Philippe Curval aigre et prompt à me contredire (je m’y attendais, après quelques courriers de sa part fort peu amènes). Ambiance un peu confinée, peu agréable en fait en dépit de la présence de copains et copines que j’apprécie beaucoup. Soyons franc, je n’envisage pas de renouveler l’expérience. Mais enfin, pusique j’étais à St Sulpice, je suis monté ensuite au musée du Luxembourg, voir l’expo sur l’abstraction lyrique. « Pour la première fois de l’histoire des formes, le signe précède la signification », disait Georges Mathieu. J’avoue n’être pas outrageusement sensible au non figuratif, n’être que d’un enthousiasme mesuré, malgré mon admiration globale pour ce mouvement. Lyrique, oui. Chaud, pas vraiment.

Et puis, faute de l’Orangerie devant laquelle la queue trop immense me décourage une deuxième fois, direction le Petit Palais (fermé le lundi, flûte) et finalement le Grand Palais: expo sur les avant-gardes italiennes du début XXe siècle. Je n’ai jamais été un grand fan du futurisme… et n’ai pas changé d’avis sur la question. Intéressant mais pas totalement convaincant. Remarquez, je ne suis pas non plus un grand fan de l’orphisme français. De ces mouvements proches, je crois que seul le vorticisme anglais me séduit un peu: anglophilie quand tu nous tiens!? Seul un tableau de cette partie de l’expo m’a vraiment soulevé d’enthousiasme: « Il ciclista » de Mario Sironi (1885-1961), à la fois sombre et amusant, qui m’a semblé proche de l’esprit d’un Tati. Guère plus transporté par la seconde partie, sur les néo-classiques italiens. J’apprécie pour ma culture sur l’histoire de l’art, mais sans grande passion.