Jausiers. Promenade de St Ours. Le sentier louvoie gentiment sans trop grimper, entre les torrents (bruit de cheval au galop), les grandes herbes ondoyantes (entre or et sinople), les bouquets d’ail de Sibérie (étoiles d’un rose échevelé sur tiges charnues) et les coulées d’ardoise (tarots minéraux répandus sur notre passage). Des nuages heurtent les sommets, s’effilochent lentement, moussent et glissent, occultant les ardeurs du soleil. Au début de la forêt, sous les sapins et les épinettes, les prêles tissent un vert nuage au ras du sol, fendus par un étroit ruisselet. Un peu plus loin, ces plantes silicieuses à la préhistorique rugosité cèdent la place à des graminées dont les fragiles têtes dansantes tranchent d’un blanc spectral sur l’acidité verte. Les pommes de pin roulent sous le pas.
Au retour, dans l’épicerie du village, l’âme mercantile nous fait glousser nerveusement: les chips sont « familialement bonnes » et les bougies « à la cire naturelle » épousent la forme d’une marmotte pour des sommes improbables… Tout est prétexte à « goût d’authentique » et « saveurs d’autrefois ». Lou commerçou n’a jamais peur du ridicule.