#1208

Den Haag 1

Depuis que j’ai échangé l’enfermement de la librairie contre la liberté de l’écrivain-directeur littéraire freelance, je me surprends régulièrement à faire des tas de choses que j’aurai trouvé, auparavant, assez surprenantes… Tout en les considérant comme naturelles, somme toute.

Le début de mes pérégrinations récentes, ce fut un passage à Paris. Pensant ne rester qu’une journée, j’avais amassé mes rendez-vous sur le même jeudi. En arrivant, le matin, je me précipitai donc poser mon imposante valise à la consigne, de manière à filer un peu plus léger direction Barbès pour livrer à François Avril ses exemplaires du Fiction tout nouveau. Il ne m’avait pas confirmé être à son atelier ce matin-là, j’avais donc envisagé de déposer le paquet devant sa porte en cas d’absence. Je sonne. Attente. Et puis, soudain, la porte s’entr’ouvre: mon Avril est bien là, mais tout nu: il avait oublié ma venue et prenait une douche.

(photo 1: le vélo d’Avril contre sa boîte à lettres)

Discussion animée et sympathique, comme d’habitude: graphisme, planches originales, projets. Il me montre les maquettes successives de la couverture de la prochaine monographie à lui consacrée, chez Vertige Graphic. A découvert qu’il avait préparé mais non encré, oublié, un 7e dessin pour son portfolio de Fiction — dommage, il était également excellent. Me sort ensuite, surprise, les planches de la bédé qu’il prépare pour Aire Libre, sur scénario de Ted Benoît. Étonnant de voir Avril revenir à la bédé, après tant d’années d’illustrations presse. Le style louvoie un peu, ambiance fifties bien sûr (Benoît), décors somptueux, ce sont les personnages qui surprennent un peu. Beau, tout ça, très beau. J’attends de voir la couleur, mais en N&B et dans ce grand format, c’est une joie.

(photo 2: le jardin)

Il me faut repartir en pressant le pas: j’ai RDV à l’autre bout de Paris, avec un éditeur et ami, pour mettre au point un nouveau mien projet. Je quitte à regret la chaleureuse présence d’Avril et son immeuble étonnant (la première cité ouvrière parisienne, construite sous Napoléon — escaliers se croisant de mezzanines en mezzanines, dans une douce pénombre). Arrivé vers la Porte Dorée, je monte chez cet éditeur, fait connaissance du chat, téléphone à JP Jennequin avec qui je dois dîner le lendemain soir (JPJ me demande d’emblée si j’ai vu le chat). Déjeuner d’affaire, tout roule. Redémarrage à pas pressé, encore: nouveau RDV, cette fois dans le quartier latin, avec une trrrrès importante éditrice. Celle-ci étant un chouïa en retard, j’en profite pour discuter avec un ami cher. Puis autre RDV dans la foulée du premier, au sein de la même maison (mais éditeur différent).

Content mais rompu, je cours encore: il me faut reprendre mon bagage à la consigne, avant de rejoindre mes habituels compagnons de soirs parisiens: Daylon, Calvo et Jean. Une copine libraire arrive en même temps que moi au resto nippon (réaction des autres quand je els avait prévenus: « Quoi, André, une fille?!? »). David est dans une forme éblouissante, il fait des étincelles. Daylon parle tellement vite qu’on ne comprend pas tout. Jean s’inquiète que la demoiselle se sente délaissée et dépassée. Retrait ensuite vers notre pub non moins habituel, à l’étage duquel tout n’est que calme et lumière tamisée, tandis qu’au RdC s’entasse une foule rugissante. Clic-clac, les deux photographes mitraillent, David continue à faire des étincelles et à Bob-l’épongisé, ils sont déchaînés, les projets fusent, je me sens remonter à bloc et parviens à ne pas penser au triste lendemain qui m’attend.

(à suivre)

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