#1241

Amateur de littérature pour la jeunesse et commençant à préparer un « Bibliothèque rouge » sur les jeunes détectives, j’ai emprunté, lors de mon week-end provençal, deux Signe de Piste à ma copine Mireille qui en a une jolie collection. Je suis un peu trop jeune pour avoir connu les Signe de Piste mais, lorsque j’étais ado, existaient encore à la bibliothèque du quartier (pourtant tenue par de bons hippies) les Nouveau Signe de Piste, et j’y avais lu notamment une histoire d’arche stellaire, ainsi que la série de Robert Alexandre (également de la SF) et les enquêtes du Chat-Tigre par Mik Fondal. Ce sont deux titres de cette dernière série que j’ai donc pris l’autre jour. Sous le pseudo de Mik Fondal se cachaient les deux piliers de Signe de Piste, Jean-Louis Foncine et Serge Dalens, pour des enquêtes poicières menées par un jeune homme d’entre 15 et 17 ans, Michel Mercadier alia Chat-Tigre.

Littérature destinée à la jeunesse scoute et, plus largement, aux jeunes gens des bonnes familles, Signe de Piste a toujours été une littérature de classe. Mais replonger dans ces pages fait tout de même un petit choc. Datant des années 1950, ces deux romans sont emplis d’une idéologie farouchement réactionnaire, souvent involontairement drôle, parfois assez nauséabonde (le mépris de Chat-Tigre pour le majordome qui voudrait être cultivé, dans La Bible de Chambertin!). On passera sur les très belles illustrations de Pierre Joubert — qui satisfèrent les fantasmes homo-érotiques de plusieurs générations d’amateurs de jeunes gens, bien entendu (et j’en fus, il va sans dire). Mais alors, le pompon c’est tout de même, dans Pas de chewing-gum pour Pataugas, le très touchant et édifiant (!) exemple du jeune fils d’un colonel… franquiste! Légende héroïque rapportée en France par Brasillach, no less, et ici recopiée en toutes lignes. Ah, la belle époque!

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