#1371

London jan 08 / 3

Depuis longtemps déjà, j’admirais la vieille boutique toute en longueur de chez James Smith & Sons, sur New Oxford Street. La première fois que je l’avais remarquée (une fouille dans ces journaux le mettrait sans doute à jour), ce devait être lorsqu’une campagne de publicité très astucieuse leur avait fait placer, discrètement, aux coins de leur vitrine, la mention selon laquelle monsieur John Steed se fournissait chez eux. Un argument fort plausible: à considérer en devanture ces alignements serrés de parapluies, de cannes-siège et de badines, c’est bien l’Angleterre de « Chapeau melon et bottes de cuir » qui vient à l’esprit. Nul doute aussi que Bertie Wooster et Gussie Fink-Nottle se fournissaient ici.

Vieille admiration, donc, et puis, mon beau parapluie gris d’Amsterdam donnant hélas des signes de fin de vie approchante, je conçus le projet de n’en racheter un que lorsqu’il me serait possible de me rendre chez James Smith & Sons. Ce que j’ai fait cette fois, par conséquent. Et James Smith & Sons ne m’ont pas déçu.

Le vieux gentleman qui me servit avait cette distinction toute britannique, avec un léger plissement amusé au coin de l’oeil, de celui qui se trouve dans son archétype et le sait fort bien. La diction, l’humour, la raideur, tout chez cet homme était un délice d’englishness. Et le rituel! Recevant de mes mains le parapluie de mon choix, il m’indiqua qu’il s’agissait de « châtaignier » (en français dans le texte), me fit tester sur le parapluie lui-même puis sur une canne réglable la lonueur idéale pour le manche, avant que l’embout métalique ne soit installé à la pointe de ce summum de l’art pépinesque.

Il n’a guère plut durant notre séjour, après la matinée la Tate, je n’ai donc testé ma fierté de parapluie qu’un bref quart d’heure, aux alentours du Natural History Museum et du V&A, mais qu’importe: me voici équipé pour de nombreuses années, indeed sir.

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