Retour à Lyon dans la fournaise, hier soir, mais aujourd’hui le temps fut clément, avec une fraîche brise. Ce qui me fait penser à une promenade en forêt de Chinon, l’autre jour, au-dessus de chez ma tante. Cette partie de la forêt domaniale, en haut d’une crête sablonneuse, est plantée de pins maritimes. Une brise soufflait et, au moment où soudain un souvenir refaisait surface à ma mémoire, ma tante et mon père échangèrent des souvenirs sur le sujet. Étrange sensation: je venais de renouer avec des impressions, des associations sensibles, remontant à mon enfance. Jamais je n’y avais resongé: le vent dans les pins. Un bruissement allant en s’amplifiant, rumeur puissante comme celle des vagues. Non pas l’océan qui s’exprime, mais le souffle des cimes, les branches hautes froissées par un coup de vent. Nous fûmes tous trois subitement projetés à Saint-Brévin, autrefois. Lovée dans une pinède, la petite ville de bord de mer connaissait tout le temps ce bruissant souffle, et nous savions que s’il ne s’agissait pas du bruit de la mer, pour autan se rendre à la plage serait inutile. Car lorsque les pins imitaient la rumeur des vagues, c’est que ces dernières déferlaient, courtes, basses, serrées, comme des claques. Et que sur la plage le vent allait cingler, lui aussi. Oh, Saint-Brévin. Le pays des merveilles de mon enfance.
L'adieu à St Brévin, c'est une des plaies ouvertes de mon coeur. Pas la plus dramatique, certes, mais une profonde douleur quand même…