Un ami m’écrivait l’autre jour qu’il désespérait un peu devant l’entassement des livres à lire et que sa bibliothèque lui semblait un cimetière, tant il ne parviendrait jamais à tout lire. J’ai assurément un point de vue diamétralement opposé : ce qui m’excite, me rassure, me fait vivre, c’est l’idée qu’il y a tant et tant de rencontres livresques encore à faire, de livres à lire, d’auteurs à découvrir… Ce qui m’angoisserait, moi, ce serait de me dire que le champ littéraire est fini. Et je lis sous la plume de Jacques Roubaud une belle formule sur cela : le « bourdonnement implicite à mes oreilles de la quasi-infinité potentielle des livres confortablement imaginables à ma disposition ».