Il y a quelques semaines, à l’issue d’un long périple et d’une tâche ô combien épuisante (voir le billet #2503, cher lecteur), le couloir de l’entrée s’est retrouvé soudain encombré de très nombreux cartons de bouquins — tous ceux qu’au fil des années j’avais descendu à la cave, à Lyon, faute de place et parce que je n’envisageais qu’avec réticence de mourir dans un grand étouffement livresque. Mais que faire de tout cela ? Un ami me suggéra de tout offrir au grand collectionneur local, monsieur F. S. M. et ce dernier me donna bien entendu son accord. Ledit ami me débarrassa tout de même de trois cartons, c’était déjà ça. Et puis mon assistant tria et mis en vente l’équivalent de trois autres cartons, fort bien, et ne résista pas au plaisir de se prendre trois autres cartons, excellent. Enfin, tout de même, je plongeai dans ces piles où s’entassaient tant de souvenirs et, triant, écartant, revenant, hésitant, sélectionnant, j’ai en définitive réincorporé à ma bibliothèque (bien plus vaste que celle d’antan) quelque chose comme une quarantaine de volumes. Ma bibliothèque se trouvant donc enfin rangée, repensée, j’ai redécouvert beaucoup de choses, et me suis fait des envies de relectures — notamment, dans le domaine de la fantasy. Commençant à rebosser sur le genre, de toute manière, il est bon que je me replonge dans ce style d’univers — qui avec ceux du roman policier sont ceux qui me séduisent le plus, je crois, un peu devant la science-fiction finalement. Bref, j’ai été saisi d’une nouvelle boulimie de lecture…
Daniel Hood avait publié aux États-Unis, dans les années 1990, une série de cinq polars fantasy, la série « Fanuilh ». J’ai re-dévoré les trois premiers déjà, et ces romans m’ont semblé encore meilleurs que dans mon souvenir, subtils, drôles, de cet indéfinissable charme qui s’attache au polar classique, l’ambiance pseudo-Renaissance et la magie en plus, une prose dorée, ciselée, sans esbrouffe mais réellement littéraire.
Summon the Keeper de Tanya Huff date aussi des années 1990, mais j’hésite presque à avouer l’avoir relu, tant c’est léger, rigolo sans prétention, et bordeline romance… Bon, je l’ai reposé dans un carton (une troisième lecture ne devrait pas s’imposer), mais c’était agréable. De la fantasy urbaine humoristique.
Ah, Barbara Hambly, voici une autrice sous-estimée et que j’ai toujours appréciée. Relire la trilogie de Dog Wizard m’a rappelé s’il y en avait besoin que j’aime également la fantasy la plus classique, et pourquoi/comment je l’aime. Superbement écrite, peuplée de personnages ayant de l’étoffe, de l’aventure pas sotte, un poil d’humour, un poil d’horreur… et même un poil de cyber. Chouette, quoi.
Et là j’ai bifurqué sur une nouveauté : le nouveau tome des « Peter Grant » de Ben Aaronovitch, très attachante série de fantasy urbaine actuelle, jusqu’à lors ancrée dans Londres mais qui cette fois part à la campagne, dans une ambiance de polar procedural à la Peter Robinson, très étonnante, l’articulation avec le côté magique devrait être intéressant.