Je ne vous dis pas tout.
Non, je ne vous dis pas tout ce que je lis. Je commente ici mes lectures, de manière assez régulière, en guise d’aide-mémoire essentiellement, mais cela ne représente finalement qu’une partie de mes lectures, celles justement dont je me dis qu’il peut être utile que je les note. En cela, je pratique une sorte de hiérarchie dans mes goûts, sans doute un peu injuste. Je ne parle guère de bande dessinée — non seulement parce que j’en lis beaucoup moins qu’auparavant, mais aussi parce que je n’en éprouve pas la nécessité ni la capacité de commentaire, j’ai relu il y a quelques soirs un « Benoît Brisefer » et qu’en dirai-je ? Et des « Fantomius », ce personnage italien des Mickey Parade, dont je viens de lire deux nouveaux épisodes ? Ou de la série « Jérôme K. Jérôme Bloche » sur laquelle je rattrape peu à peu mon retard et qui est toujours aussi agréable ?
J’ai évoqué un petit peu le fait de pratiquer en ce moment une diète presque exclusive de « Maigret ». Il y a plusieurs raisons à cet étrange régime livresque : tout d’abord, une sorte de raison psychologique, à savoir que m’étant trouvé dans un épisode comme j’en ai de temps à autre, à savoir une excessive nervosité, j’éprouvais le besoin d’une lecture calme, apaisante, sans heurts ni trop de tensions. Contrairement à ce que son image de pesant grognon peut laisser à penser, le personnage de Maigret est en fait une figure assez lumineuse, souvent il est tranquillement joyeux, soulevé par le beau temps ou une agréable atmosphère, et s’il est confronté à la misère humaine il est souvent léger, toujours attentif aux autres, d’une immense bonté l’air de ne pas y toucher. Et puis, m’amusent également les détails « rétro », par exemples les gros bus verts à plateforme, quantité d’éléments du quotidien qu’il nous faut aujourd’hui faire un effort quasi culturel pour comprendre et visualiser. Ma cure de « Maigret » possède aussi une raison plus « écriture », en ce quelle constitue une discrète observation de la manière d’écrire et de construire de Simenon, afin d’essayer de la capter, de l’analyser en vue d’un projet d’écriture. Enfin et tout simplement, en vérité le roman policier constitue au moins la moitié de mes lectures en toutes saisons. Je n’en parle guère, du polar, mais j’en dévore !
Dans mon bureau, le plus long mur est occupé par les rayonnages de mainstream/fantasy/science-fiction, mais l’autre mur, les étagères noires, est surtout consacré au polar. Ayant toujours aimé Christie, Doyle, Leblanc et autres Stout, je me suis mis depuis quoi ? une douzaine d’années ? à entasser et lire du roman policier ancien, pas tellement du victorien comme l’aime JDB mais plutôt de l’entre-deux-guerres, du « Golden Age Crime ». J’ai bien du évoquer ici l’intense admiration que je me suis mis à concevoir pour Dorothy L. Sayers, Margery Allingham et Nicholas Blake, mais je lis bien d’autres de ces auteurs des années 20-30, je ne cesse de piocher dans ma bibliothèque afin de lire un Punshon, un Connington, un Wade, un Noël Vindry, un Daly King ou une Dorothy Disney… Je dévore cela comme l’on croque une friandise, et ne parlons même pas des auteurs récents, les Fowler, Rankin, Robinson, James, Grimes, etc. Plus une dose régulière de pastiche holmésien, bien sûr. Il y a tant à lire ! Tenez, figurez-vous que je n’ai quasiment encore jamais lu de Carter Dickson / John Dickson Carr, pourtant un immense auteur de roman policier. J’y viendrais. Il reste encore un tout petit peu de place sur les étagères noires.
Je ne commente guère non plus les essai que je lis ou que je consulte, les biographies idem… Mais en ce moment, je me délecte d’un essai / biographie que Martin Edwards vient justement de consacrer au roman policier de l’âge d’or, The Golden Age of Murder. Il y étudie la vie, l’oeuvre et l’inspiration des écrivains qui faisaient partie du Detection Club, le groupe anglais des grands auteurs du genre. Dire que je jubile est un euphémisme.