Un plaisir du dimanche bordelais : revenir du marché avec une douzaine de bulots et les déguster au déjeuner. Lorsque j’avais quitté Lyon, moqueur mon camarade Ivan prétendit se répandre en commisérations, pour celui qui quittait la capitale de la gastronomie, pensez donc, pauvre de moi ! Eh bien tu parles. Au lieu du gros saucisson à la moutarde et des quenelles pâteuses, aujourd’hui j’ai changé d’alimentation et j’apprécie avec plaisir les aoxas, la piperade ou les chipirons, le poivron-piment long d’Arcachon, du poisson (alose! lamproie!), du canard, sans parler du fait qu’ici l’on trouve sans problème du Saint-Maure de Touraine (fromage de chèvre) et qu’il y a sur le marché de Bègles une vendeuse de steak haché de cheval et de saucisson fumé de cheval (j’adore ça, n’en déplaise à un certain politiquement correct alimentaire — pour moi ça a un goût d’enfance). Quant à la « cervelle de Canuts », ah ah, ici cela se nomme du greuil, ça vient du Béarn et il y en a également de temps en temps chez un fromager du marché de Bègles.
Parole d’une M. que vous auriez pu croiser dans un décor monté de toute pièce aux Cafés Littéraires de Montélimar. Encore toute imprégnée de son Sud-Ouest natal, je me permets d’ajouter un « r ». Ainsi le « greuil » peut faire la « nique » à la « cevelle de Canuts ».