Sur le blog de Jean-Luc Mélenchon, un beau texte touchant, qui rejoint des choses auxquelles je pensais il y a peu. Ce que je me disais, c’est que dans ma tête certaines personnes n’ont jamais changé d’âge, intouchées par les années dans le souvenir que j’ai d’elles : par exemple mon premier amant, qui pour moi aura toujours 17 ans. L’idée même de me dire qu’ayant mon âge, il est maintenant un presque-vieux, peut-être gros et chauve, que si je le croisais je ne le reconnaitrais même pas, j’essaye de ne me même pas y songer…
Et j’ai aussi eu une pensée pour « mes profs », parce que 40 ans après, que sont-ils devenus, sont-ils seulement encore de ce monde ? Le sévère mais juste monsieur Baudoin et la fofolle et minuscule prof de lettres et histoire (madame Giraudroux) qui devint ensuite son épouse, je crois. Ceux-là sont liés à la fin de mon collège, aux voyages à Rome, à Florence, à Naples et à Pompéi, inoubliables et fondamentales occasions de ma propre construction, ont-ils jamais su combien ç’avait été important, ces quelques jours à Pâques sous le soleil italien ? Et dois-je avouer que j’ai oublié les noms de ces deux profs de lettres qui pourtant m’apportèrent tant, celui à Limoges qui me fit aimer Giono et avant cela celui qui à Cergy, crucial, si bien inspiré, me fit découvrir la spéculative fiction — en me désignant un jour, au centre culturel, les romans de Brunner, Jeury, Douay, Spinrad, SIlverberg… qui lui semblaient importants? Si perspicace, ce prof-là, d’ailleurs, qu’avec sa femme il anima plus tard un atelier sur l’homosexualité — mais hélas j’étais déjà parti en exil à Limoges, je ne profitai pas de leur aide, je me construisis seul, bien obligé.