Faire les vide-grenier, c’est trouver des livres que l’on en savait pas que l’on cherchait, ni que l’on désirait, bien souvent des livres dont on ignorait tout simplement l’existence. J’ai certes quelques listes dans mon téléphone, mais de manière générale, je n’achète qu’au gré des trouvailles, sans rime ni raison pour ainsi dire, juste des coups de cœur.
Ainsi des deux vide-grenier de ce week-end, qu’ai-je rapporté ? Une BD de Trondheim que je n’avais pas acheté à sa sortie, encore un Simenon en grand format, un petit Jeury, un Maupassant de la jolie petite intégrale France loisir (eh si), une fantasy 1900 d’Hervé Jubert, et puis ma foi, le plus encombrant, cet immense Journal de l’impressionnisme que je viens de rapporter de la brocante Saint-Michel.
Pour lui préférer quelques mouvements plus tardifs, les fauves en particulier, je demeure fasciné par cette avant-garde artistique que fut l’impressionnisme, maintenant si admise et reconnue au point d’en devenir presque ordinaire – et qui cependant n’a rien perdu de sa force esthétique, me semble-t-il. Et ce grand ouvrage de chez Skira pratique une approche qui me plaît toujours, si controversée et analytiquement nulle qu’elle soit, à savoir le « biographisme ». Une sorte de grande bio des artistes principaux du mouvement, et de leurs marchands, en un seul flot narratif fort bien mené. Ayant moi-même pas mal pratiqué cet art mineur de la biographie, que ce soit pour des figures mythiques comme Holmes, Lupin, Poirot ou Wolfe, ou pour des artistes comme Rackham, Dulac et WH Robinson, j’apprécie la « patte » des auteurs. Et suis toujours touché par une présence si discrète et en même temps si cruciale, celle de Julien François Tanguy, dit le père Tanguy, le marchand de couleurs qui tenait boutique au 14 rue Clauzel, dans le IXe à Paris.
« Julien Tanguy (1825-1894). Broyeur de couleurs de son métier, il a été de ce petit peuple parisien qui a su accueillir les nouveaux peintres au moment où les officiels et les amateurs s’en détournaient. Il avait vécu les journées glorieuses et sanglantes de la Commune de Paris, était allé au bagne en tant que communard et, semble-t-il, compensait une utopie perdue, par sa bonté, soutenant les peintres miséreux, méconnus et souvent méprisés. »