Déjà la fin juillet de cette étrange année à l’avant-goût douceâtre de fin du monde. Pourtant on survit. Non sans séquelles psychologiques je suppose, l’enfermement, la solitude ; je pensais aller à Prague, Rome, Paris et Metz, je suis resté au fond de mon impasse bordelaise, et l’impression s’installe durablement que ma petite maison se trouve à l’ancre comme une sorte de bateau immobile entre la mer des toits et le fleuve ferroviaire : chaque midi hisser les voiles (ouvrir le parasol, déployer la bâche), chaque soir manœuvrer les écoutilles (ouvrir en grand les Velux pour aérer l’étage, ouvrir l’imposte du couloir pour créer une circulation d’air), échapper pour le moment au fait de dormir à la cale (la chambre d’été, au niveau de la cave), quant au ballast, oh, tant de livres, tant de livres. Lassitude, je n’aime pas l’été.