#5114

À me rendre quelques heures chaque jour au local de la librairie, en ce moment, pour mettre un peu la main aux travaux, une nouvelle routine se dessine, des trajets et des façades deviennent familiers, le bus, les flux étudiants. Le sédentaire apprécie ce petit changement, encore accentué aujourd’hui par le retour de la pluie. On avait presque oublié ce que c’était, la senteur des rues mouillées, les trottoirs vernis d’eau, les hachures tombant du ciel gris.

#5113

« Mais t’étais parti chercher d’la drogue ?
— Ouais mais elle croyait que j’allais aussi ramener du pain, j’me suis fait engueuuuler. »
Vernissant et lasurant la librairie toutes portes ouvertes afin d’aérer, j’apprécie les bribes et sons qui me parviennent. Et puis sortant un instant pour aller chercher un repas, j’admire assis contre un camion de déménagement un beau garçon torse nu, à la poitrine large hélas couverte de graffitis comme une vieille façade.
Au jardin, j’ai laissé pousser un pissenlit.

#5112

Rentré relativement tôt sous un ciel sale au fond duquel se nichait la lumière. Épuisé, ma fracture au talon palpitant de manière sourde. Au jardin, les cloches toutes proches battent longuement dans l’air doux leurs voix de bronze. J’ai cueilli et mangé une arbouse, goût d’enfance. Lire des livres, vendre des livres, écrire des livres : il sera dit que je ne sais rien faire d’autre.