Je ne voyage plus guère mais, ces derniers dix jours, j’ai retrouvé le sentiment familier de ce que la France relève plus d’une fiction collective que d’une ferme réalité. À faire un tour dans la petite ville tourangelle de Chinon, qui m’est si familière que j’envisage paisiblement d’un jour peut-être y prendre ma retraite, mais bien plus encore à arpenter les rues pentueuses et les quais larges de Rouen, à contempler sa cathédrale si étrangement gommée et ses bousculades de maisons à colombages, et à constater que l’on y revendique partout et très officiellement l’identité normande, tout comme ici la Nouvelle-Aquitaine semble parfois au bord de l’autonomie nationaliste, j’ai eu le sentiment de me trouver en terre subtilement étrangère. Et pourtant, j’étais également en plein territoire de cultures connues, les impressionnistes au musée des Beaux-arts, Monet forcément, Flaubert, Maupassant, Leblanc, et même André Maurois dont j’ai rapporté pour le souvenir un joli petit volume de 1948 imprimé en rouge, sur Rouen dévasté. N’en déplaise au centralisme parisien, la France est bien une fédération.
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