Reçu le coffret des petits livre de chez Penguin publiés en célébration des 150 ans du métro de Londres. Mal commencé avec le volume graphique, pure escroquerie intellectuelle, une suite de gribouillis ne faisant nullement sens. Le début d’un autre me fait resonger à l’architecte Richard Seifert. De même que les années 1990 ont été architecturalement dominées par les travaux de sir Norman Foster et, dans une moindre mesure, de sir Richard Rogers, dans les années 1960-70 Londres fut massivement marqué par les tours et autres bâtiments de Richard Seifert. Pourtant, on ne les voit plus : leur style typiquement « international » fait que, très critiqués à leur époque, ils ont aujourd’hui glissé dans l’anonymat de tours lisses et banales, d’une laideur terriblement Seventies. Mais… et s’ils n’étaient pas si laids, les bâtiments de RIchard Seifert ?
Suivant l’opinion générale, j’ai longtemps considéré Centre Point, la grande tour blanche qui s’élève au carrefour de Tottenham Court Road, comme une verrue abominable, un échec planté avec orgueil sur une place venteuse et abominablement triste, elle-même un autre échec patent. Et pourtant… La dernière fois que j’étais à Londres, j’ai subitement regardé cette tour d’un autre œil. Parce que le design des années 1950-60 et, dans une moindre mesure, des années 1970, est actuellement en plein revival et très à la mode, et parce qu’enfant de la ville nouvelle de Cergy-Pontoise j’ai de toute manière toujours entretenu un goût certain pour l’architecture Seventies, tendance maintenant mieux informée et bien réévaluée, oui, mon regard fut différent soudain. Eh, mais c’est qu’il n’est pas si laid, ce Centre Point. En fait, il est même d’une belle élégance, avec sa façade toute en nids d’abeilles blancs, et la vaste passerelle vitrée qui la relie au bâtiment d’à côté. Finalement, ce n’était pas tant la tour qui était laide, mais son accueil public qui fut désastreux, et sa « mise en scène » sur une piazza ratée qui fut également désastreux. Mieux mise en valeur, cette tour démontrerait ses grandes qualités architecturales et sa beauté typique d’une époque trop vilipendée. Une mise en valeur dont il faut espérer qu’elle sera réalisée, enfin, à la faveur des grands travaux qui transforment actuellement ce centre de mes visites à Londres depuis toujours en une immense béance terreuse, un trou noir urbain qui a avalé d’aussi immenses icônes locales que la salle de rock Astoria et le Virgin Megastore historique. De mes anciens repères, ne restent plus que la librairie Forbidden Planet, déménagée à deux pas de là, et… la tour Centre Point, eh oui.