La chance de l’âme solitaire et insomniaque est d’avoir ainsi nombre d’heures de lecture. Et voyons voir, quelles furent mes dernières lectures ? La plus récente : Le Dernier songe de lord Scriven par Eric Senabre, roman policier publié sous le label Didier Jeunesse — je m’interroge encore de la présence d’un tel roman en jeunesse, ma foi, tant il m’a semblé pouvoir être qualifié d’honorable roman policier de la meilleure facture. Avec une pointe de « détective de l’étrange », ce qui ne pouvait que me plaire, l’enquêteur principal, Mr Banerjee, effectuant ses déductions dans des rêves, et notamment ici à la demande d’un mort provisoirement incarné dans le corps de son fidèle majordome. Cela se déroule à Londres au début du siècle dernier, et en dehors d’une unique erreur (Henry Irving, l’acteur, voyons), ça se lit fluidement et agréablement. J’ai souvent avec les textes en français la difficulté de ne pas parvenir à me détacher de mon « œil d’éditeur », qui me fait buter sur tous les verbes ternes et m’irriter de toutes les petites scories… mais il n’y en a aucune ici, la langue est simple mais belle, toujours juste. Un plaisir, donc, doux et divertissant.
je l’ai déjà dit, j’ai aussi lu, en plusieurs épisodes, le prochain roman d’un de mes auteur, Stefan Platteau (Shakti, qui sort en mai). là encore beauté et fluidité, je ne commenterai pas plus amplement qu’en disant que je suis enthousiasmé par la grâce de cette fiction, sa force, son rythme. Pour moi, c’est assez exemplaire.
Lentement, une bêtise too much fort agréable mais… too much, quoi. la première enquête de Lovecraft & Fort, nouvelle agence de détectives ouverte par Alan K. Baker. Il y a une technologie plus ou moins steampunk, toutes les créatures de féerie sont revenus sur Terre, et une expédition est revenue de Mars avec une statuette de l’ancienne civilisation disparue de cette planète. Statuette volée par les zombies d’Al Capone le truand en fer, à moins que ce soit par les vampires de Brooklyn… Ah, et une changeforme, et un super méchant caché sur son manoir dans une vaste caverne aménagée… Charlie Fort et son nouvel assistant, l’un peu maladroit HP Lovecraft, vont avoir beaucoup de boulot pour sauver le monde! Car le super méchant s’avère êre un avatar de Nyarlathotep… Et encore, là je vous fait le résumé rapide. Dans le genre foutraque, c’est assez fortiche, du polar hardboiled lovecraftien. The Martian Falcon.
Une anthologie : Bestiaire humain, composée par un amie et que, honte sur moi, je n’avais lue que partiellement. C’est bon, très bon, divers et surprenant ; et ma nouvelle favorite est sans doute celle de mon excellent camarade Nicolas Le Breton.
Enfin, relecture d’un court polar paru il y a 8 ans chez un micro-éditeur marseillais : Le Linceul du vieux monde de Sébastien Rutès. Court mais dense, se déroulant dans le Paris de 1899, et j’espère le rééditer en Hélios Noir l’an prochain.