La situation se présente avec une régularité terrible et d’ailleurs, il me semble probable que j’en ai déjà parlé ici. Toujours est-il que cela m’a encore pris, ce soir : « Que lire ? ». Non que je manque de lecture, fort loin de là, mais que je ne savais sur quoi porter mon choix, mon caprice. Cette fois cependant, une certitude : je n’ai envie que de lire en français, un peu lassé pour le moment de tant lire en langue anglaise. J’en discutais l’autre jour avec un camarade traducteur, qui me confia le même phénomène. J’ai donc lu beaucoup de Simenon, ces temps derniers, mais aussi du Giono, du MacOrlan, du Francis Carco (auteur pour lequel j’ai un fort faible), quelques vieux polars jeunesse (remarquable Marc Soriano, faiblard Pierre Lamblin), deux volumes de plus de la curieuse série d’Hervé Picard au Castor Astral (L’Arcamonde) — tout en maugréant contre leur médiocrité de fabrication et la typographie aberrante de leurs dialogues, mais sinon c’est fort plaisant, étrange, précieux mais pas trop et quoique sans fantastique je remercie Jean-Luc B. de m’avoir orienté vers cela… Enfin bref, ce soir je ne me décidais pas, mais savais tout de même vouloir du français, du style soutenu et du polar… J’essayais un Giono, dont le caractère historique me rebuta — simple question d’humeur, il faudra bien que je les lise, ces Chroniques de la demi brigade que j’ai enfin trouvées il n’y a pas si longtemps à la brocante, moi d’ordinaire si fan de Giono… Et puis un J.L. Sanciaume, style trop plat, et puis, et puis… Ah, enfin : je me suis soudain souvenu avoir lu il y a quelque temps l’un des polars que Greg, le grand bédéaste, avait écrit dans les années 80, j’en ai trois sur les cinq parus. Alors voilà, Greg c’est. Et là aussi, il était bon, ce monsieur, quoiqu’un peu et curieusement décalé, réac pour tout dire : c’est paru à la fin des eighties mais les mentalités, les situations, font encore très seventies ; tandis que la tournure, superbe, est clairement à la Simenon. Sinon, sur la liseuse et en cas d’insomnie (une la nuit dernière) j’ai du british: un Enid Blyton, conseillé par le traducteur déjà évoqué, Pierre-Paul D. (vous comprendrez que je préserve son anonymat), Le Mystère de l’île verte — Secret Island puisque je le lis en V.O. Qui débute sur un contexte très rude et évolue en une robinsonnade dont je conçois aisément la séduction pour les enfants d’antan.