Il est probable que ma toute première illumination artistique, ma première révélation picturale, je ne pense pas que le terme soit trop fort, fut la reproduction d’un tableau de Paul Klee, au-dessus du bureau de mon père — j’avais quoi, 7 ou 8 ans ? « Château et soleil », c’est le titre de cette toile. Des années plus tard, vraiment plus tard : en 2002, j’ai vu avec un grand bonheur à Londres, à la Hayward Gallery, l’expo « Paul Klee: The Nature of Creation ». Je retrouve à l’instant mes notes : « Plaisir des yeux, intense ; je reste songeur. Tant de petites parcelles de lumière, de couleur & d’humour — oui, d’humour — au sein de ce musée qui n’est que vastes murs blancs et épais montants ou escaliers de béton brut, gris, sombre… » Et Paul Klee continue à me réjouir, chaque fois que j’ai l’occasion de voir l’une de ses œuvres — entre Klee et Miro (autre as de l’humour abstrait), tant de plaisir visuel.