Firenze / 3 (où le capitaine fréquente les grands de ce monde)
Le prétexte de ce séjour était que je devais tenir compagnie à ma vieille mère, tandis que mon paternel serait au jardin d’iris de la piazzale Michelangelo, en tant que juré de la 15e Mostra Internazionale dell’Iris. Une activité qui, outre quelle n’est pas sans amuser l’auteur que je suis d’une étude sur Nero Wolfe, l’Homme aux orchidées, comporte également son lot de mondanités. Ce fut donc dans un petit château au sommet d’une colline couverte de cyprès et d’oliviers, que nous avons eu l’occasion de déjeuner.
Garden Party tout d’abord, sur une verte pelouse qui finissait sur une terrasse de brique dominant les jardins — et un somptueux panorama. Puis déjeuner à l’intérieur, mon père étant assis à côté de la marquise Gondi de Retz. Life with the filthy rich. Un garçon en veste et gants blancs nous sert. Le Palazzo Gondi n’est rien moins que la plus énorme demeure particulière de Florence.
Il ne cesse de m’étonner combien je peux souvent me retrouver à évoluer en des milieux ô combien plus fortunés que moi. Ce qui m’esbaudit tout en me permettant d’avoir l’oeil de l’ethnologue. De plus, mon statut d’écrivain m’octroit le droit de porter des tenues pas forcément admissibles pour d’autres — cette fois jean clair déchiré au genou, chemise indienne noire au col droit et veste de velours. À voir toutes ces dames emperlousées, manucurées et permanentées évoluer sur l’herbe d’un vert acide, sous une tonnelle ancienne, je ne peux m’empêcher de penser à des films de James Ivory ou de Peter Greenaway. Las, papa n’est pas Hercule Poirot et il n’aura à résoudre aucun crime durant son séjour parmi les plantes à bulbe. Le meilleur de ces quelques heures dans la haute société fut toutefois d’être accompagnés en ville par un délicieux vieux gentilhomme, cultivé et amical, avec juste cette pointe de légère excentricité qui fait le véritable seigneur.
(à suivre)
J’adore…… M.