En cette fin d’après-midi, les Seventies s’étaient-elles emparées de Bordeaux? Rue du Mirail, un beau mec habillé genre Querelle, débardeur rayé et casquette de marin coquettement plantée sur ses cheveux blonds trop longs, réparait son vélo. Cours de la Marne, un autre beau mec, basané, cheveux trop longs dont une mèche brune retombe sur les yeux, veste en cuir serrée et forcément « vintage » car au col trop grand et pointu pour aujourd’hui. Dans le bus, un black cambré, la veste en cuir dans une main, coupe afro, t-shirt Playboy moulant… Euh, c’est quoi ce remake des Village People à base de jeunes gens bien faits? (Non, je n’ai vu ni pompier ni indien mais je n’aurai été qu’à peine surpris)
Archives de l’auteur : A.-F. Ruaud
#2451
Variation climatique curieuse : descendant à la Poste ce matin, j’ai constaté qu’une brume conséquente recouvrait la ville, gommant la vue à dix mètres dans un coton gris-blanc. L’église du Sacré-Coeur s’élèvait fantomatique, ses deux fusées disparaissant dans l’ouate du ciel. Et un ami de me téléphoner depuis Londres où il ferait un grand beau temps. Enfin, la brume levée, le ciel bleu s’imposa de nouveau.
#2450
Cocasse et paradoxale situation hier, jour de pendaison de crémaillère. Comme je ne veux pas que, pour l’instant, les chattes sortent dehors — attendant pour cela que le jardin soit installé et palissadé —, j’avais tenté de les enfermer dans la chambre mais, deux des félines ayant perfectionné l’art du bond sur clenche, ce fut en vain. Mes invités, de bonne composition et d’un mouvement bien concerté, refluèrent donc vers ma terrasse, laissant les chats à l’intérieur. En quelque sorte, nous nous enfermâmes à l’extérieur, sous le beau soleil neuf.
#2449
Ce matin je me suis enfin occupé de commander les étagères dont j’ambitionne de couvrir les murs du bureau jusqu’aux 3m10 de hauteur. Un système allemand, que m’avait trouvé Seb Hayez, et qui n’a que le défaut d’exiger un délai de livraison fort long – je n’aurai pas mes bibliothèques avant le mois de mai. Bref, c’était donc la fin de mes dépenses de déménagement, je me retrouve à un niveau financier, hum, disons, « habituel ». Comparativement pauvre donc, mais néanmoins satisfait de mon sort. La vie normale reprend son cours, après une cavalcade de plus de deux mois qui, à la considérer rétrospectivement, fut tout de même assez épouvantable et très éprouvante. Mon dos en témoigne — ouille.
#2448
Il y a trrrrès longtemps de cela, le sieur Patrick Marcel m’a fait découvrir un écrivain anglais nommé Christopher Isherwood. Depuis, c’est tout simplement mon écrivain favori, que je relis et auquel je reviens régulièrement. Il y a quelques mois j’ai même regardé avec fascination un documentaire de l’émission Horizon, où Isherwood faisait visiter son coin de Los Angeles. Mais bien que j’ai lu quantité d’essais sur la vie du groupe Auden-Isherwood, lu aussi les autobios de Stephen Spender et de C. Day Lewis, et que l’œuvre entière d’Isherwood soit subtilement autobiographique, eh bien je n’avais jamais lu de biographie de l’auteur. J’en avais commencé une il y a quelques mois, abandonnée aussitôt pour d’autres tâches et lectures plus pressantes, mais cette fois je m’y remets pour de bon (peut-on espérer). Il s’agit de la bio par Peter Parker, de 2004, A Life Revealed.
L’art de l’énorme biographie d’auteur ou d’artiste est quelque chose d’assez anglais, il en paraît beaucoup outre-Manche, c’est là-bas un genre littéraire bien établi, j’ai l’impression qu’en France cette façon d’écrire est moins bien reconnue. Enfin bref, en tout cas qu’elle est somptueusement british, cette biographie. C’en est drôle: « Uncle Walter was a Justice of the Peace, a Master of Foxhounds, Deputy Lieutenant and High Sheriff of the county ». Ah, ces titres! Et ce destin romanesque: « Frederick had run away to sea at the age of seventeen […] and spent some time in Australia in the mounted police, surviving a shipwreck during his voyage back to England. » Et cette pointe de comédie: « Quite what was wrong with Emily is unclear; one suspect not very much »…
