Outre divers rendez-vous, agréables ou pas, ce bref passage parisien fut aussi l’occasion d’aller crapahuter dans Charonne et Belleville — certains vont à la montagne, moi je grimpe à Télégraphe. J’avais déjà passablement exploré ces lieux lors d’une promenade avec mon camarade Nicolas, en vue du BR sur Malaussène, mais cette fois j’ai bénéficié du regard aiguë d’un indigène passionné, monsieur Alexandre Mare. Je découvris donc des coins presque de campagne, d’autres typiquement provinciaux d’aspect, de belles perspectives, et de monter, et de descendre, à ne plus savoir où je me trouvais. Une parfaite dérive psychogéo, quoi. Avec comme unique regret que tout Paris était alors imprégné plus encore que d’ordinaire d’une délicate odeur d’égouts, lou pescadou lou pas fraichou. Le soir où j’allai manger à la cantine japonaise avec mes frangins habituels, c’en était presque incommodant, et dans le pub ensuite ces remugles se mêlaient à ceux de l’encaustique et du fish-and-chips, le tout assez écœurant. Not quite glamourous.
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#2089
Un désavantage d’un voyage parisien, c’est ce que je me retrouve très rapidement en manque de thé. Car j’ai renoncé à commander du thé dans les bistros français, ce que l’on nous sert n’étant généralement qu’un atroce Lipton Yellow, corrosif et, je le soupçonne, radioactif. À défaut, et parce qu’il faut bien siroter quelque chose lors des pauses bistro, j’ai cherché un pis-aller: je déteste le café et ne digère pas le chocolat, je commande donc un « grand crème » (c’est-à-dire un café crème, en langage parisien). Le premier de mon séjour, à Maison-Alfort, fut délicieux. Tous les suivants furent médiocres. La plupart des cabaretiers ne comprennent visiblement pas la signification du mot « crème » dans un grand crème. Ils mettent donc du lait, pouah, alors qu’avec de la crème, réellement, c’est si bon. Et comme de juste le grand crème le plus infect que je bus fut près des Champs-Élysées, à un prix double de partout ailleurs. Logique.
#2088
Une des choses que j’aime à Paris, c’est sa provincialité. Je veux dire: Paris est si grande qu’elle peut se permettre d’avoir encore une foultitude de petits commerces comme autrefois, qui n’existent presque plus en province… Par exemple les quincailleries, les marchands de couleur, le spécialiste des colles (!) près des arches de la Bastille, le réparateur de matelas que je viens de voir de l’autre côté du jardin d’où décolla la première montgolfière… Ou bien encore, dans une petite rue près de la station Charonne, cette boutique d’outillage. Dans sa longue vitrine se montrent de beaux outils à la fonction inconnue de moi, objets abstraits pat conséquent, dont le métal brossé luit doucement sous des manches de bois. Le tout bien net, appelant le regard sur leurs découpes et leurs lames. Une composition blond et acier.
#2087
Silence sur cette page, le capitaine se trouvant fort occupé. Terminé mon deuxième polar jeunesse, qui s’écrivit aisément mais me demanda une concentration d’autant plus grande que je luttais en même temps contre l’étouffoir de la canicule. Expédié le treizième Fiction, dont les stocks sont arrivé avec plus d’une semaine d’avance. Largement entamé la compta (pour cause de changement de comptable et de logiciel de compta…). La bio de Lupin est chez l’imprimeur. Enfin bref, peu de répit, et je vais trois jours à Paris, avec plusieurs rendez-vous à la clef. Busy, busy, busy. David Calvo est là ce soir, qui vient de déclarer qu’il aimerait bien que ses hippocampes le fassent manger. Tim Rey fut aussi de passage un soir, qui m’apporta des plantes monstres.
#2086
Je viens de voir sur le panneau d’accueil de Blogger le nombre d’entrées de ce blogue: celle-ci est la 2085ème, if you can believe that. C’est assez dingue. Mais que voulais-je dire en ouvrant cette page? Qu’avec ma bio d’Arsène Lupin tout à fait bouclée et mon polar jeunesse, Les Trois coeurs, presque achevé (encore quelques jours de travail), it’s time to move on. Un projet chasse l’autre et, avant de bosser sur un ouvrage conçu par Sébastien Hayez, je pense qu’il est temps que je mette de côté la Belle Époque pour revenir à l’Entre-deux-guerres: Xavier Mauméjean travaille déjà en ce moment sur la refonte de notre bio d’Hercule Poirot et je pense m’y mettre également un peu (la rédaction est prévue pour janvier, la date de publication encore incertaine).
Ce matin donc, tandis que la version Marsalis de A Love Supreme roule tumultueusement dans les enceintes, j’ai débuté la lecture de Crooked House. C’était l’un des romans d’Agatha Christie que préférait son auteur, et dans ses carnets de notes, récemment commentés par un chercheur (manne pour nous), elle fait allusion à un léger rapport entre cette intrigue et monsieur Poirot. Il fallait donc que je mène l’enquête… Première surprise, d’ailleurs, tout dans ce texte est clairement daté, le meurtre (en septembre 1947) comme les âges respectifs des différents membres de la famille. Voilà qui fournit une matière aisée pour notre biographie.