Lu: Les enfants de la lune, par Fabrice Colin. Chez Mango, dans la collection de SF jeunesse dirigée par Denis Guiot (« Autres mondes »). Sauf que ce n’est pas de la SF, justement. Du steampunk, oui, en quelque sorte, mais franchement côté fantasy.
Un superbe petit roman. Et je pèse mes mots. Je l’ai lu hier, et suis encore sous le charme. Pour faire vite: ça se déroule à Paris en 1942, donc en pleine Occupation. Parmi les alliés occultes des Nazis sont un peuple maléfique, les Siths, qui cherchent à la fois à torturer des âmes humaines et à récupérer celles de leurs « compatriotes » les fées (ici nommées les Annwyns)… Les dernières fées qui, sentant que le monde est en voie de « technologisation »/dépoétisation trop rapide pour leur survie, veulent partir vers la Lune, leur domaine. Mais un seul humain pourrait leur venir en aide — et il est mort il y a 20 ans! Son petit-fils, Adrien, va essayer de les aider malgré tout, secondé par quelques personnages étonnants — tels que le docteur Véronèse, l’excentrique Baron de Martelle, son serviteur noir & son crocodile, un vieux marionnettiste juif, et une technologie à base de fantômes captifs (capturés avec un aspirateur à esprits, au cimetière du Père Lachaise)… Ils vont affronter de nombreux périls: les soldats allemands, les monstrueux Siths (dont le visage n’est qu’ombre tourbillonnante), plusieurs dinosauriens volants reconstitués, et un mystérieux sous-marin qui hante la Seine…
Superbe, lyrique, captivant, astucieux, sans condescendance envers son jeune lectorat (ni dans le style ni dans l’intrigue), ce roman n’est pas une addition mineure à l’oeuvre de Fabrice Colin, mais bien une nouvelle réussite. Bon nombre des obsessions de l’auteur s’y retrouvent, d’ailleurs, à commencer par la bombe d’Hiroshima — qui doit marquer la fin des Annwyns.