#31

Bon OK, je triche un peu cette fois: ce soir, fiche de lecture d’un roman que j’ai lu il y a déjà un petit moment… Mais je viens de retrouver mes notes — et puis il a été traduit en français, depuis. Lord Démon, par Roger Zelazny & Jane Lindskold (chez Denoël, collec « Lunes d’encre »).

Kai Wren est un démon — mais sa passion, c’est la création de bouteilles véritablement uniques, des structures magiques en verre soufflé ayant la capacité de tordre l’espace et d’abriter des mondes confinés. Kai Wren (aussi connu sous le sobriquet de « Lord Démon » parce qu’il a tué autrefois un puissant dieu), vient juste de terminer une nouvelle bouteille, à laquelle il travaillait depuis quelques siècles, lorsqu’il apprend que son fidèle serviteur, un humain d’origine irlandaise, s’est fait tuer. Vivant dans une dimension parallèle à la Terre, ceux que l’on nomme les démons sont des êtres à la magie puissante — mais ils ne rechignent pas à passer de temps en temps sur la Terre, afin de goûter aux charmes d’une culture (en particulier celle de la Chine antique) qui les a profondément influencés.

Se remettant mal du chagrin d’avoir perdu son serviteur (et unique ami), Kai Wren passe sur Terre pour observer un maître du maniement des cerfs-volants, Li Pao. Le vieil humain prenant sa retraite, Kai Wren lui propose de reprendre ses cours — et commence à le guérir subrepticement, cependant que l’amitié né entre l’homme et le démon. Mais l’enquête de Kai Wren sur le meurtre de son serviteur est loin d’être terminée, et a des répercussions inattendues: brutalement dépouillé de ses pouvoirs, Kai Wren va se retrouver dans la peau d’un simple humain, enfermé dans un asile psychiatrique.

Roman posthume (achevé par Jane Lindskold après la mort de l’auteur, son époux), Lord Démon est pourtant bel et bien du pur Zelazny. Tout y est: les dimensions parallèles, les conflits familiaux, le personnage principal sinon amnésique du moins mentalement manipulé, l’intrigue menée tambour battant, l’humour léger… Le charme opère toujours, aussi entraînant que dans les premiers volumes du mythique cycle d’Ambre. Certes, il y a de-ci de-là quelques menues sottises irritantes, mais dans l’ensemble cette ultime oeuvre se tient admirablement bien, c’est de l’aventure parfaitement enlevée, servie par un style subtil. De la bonne fantasy, au cadre assez original.

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