Et en parlant de villes oniriques… Mon quartier a en ce moment, la nuit venue, un caractère assez inhabituel. Il semblerait que l’éclairage public d’une bonne portion du 3e arrondissement soit en panne (depuis plus de quinze jours: c’est fou!), et donc, dés que la nuit tombe, ne restent pour éclairer cette partie de la ville que les frontons brutaux des magasins, les enseignes luisantes, le tremblement cathodique de la nouvelle pub géante ornant la façade du centre commercial, les phares blancs des voitures, la lueur bleue de l’intérieur des trams, les petits feux bleu ou rouge encastrés le long des voies ferrées dudit tramway…
Rentrer du boulot présente donc, en ce moment, un charme étrange & séduisant… Celui d’une ville mangée d’ombre (alors que le Lyon by night est d’ordinaire noyé de lumière), éclairée chichement & anarchiquement, où des éléments habituellement invisibles acquièrent une beauté subite (par exemple, les immenses escaliers du nouvel immeuble de bureau contre la voie de chemin de fer), où les trottoirs sont de longs espaces d’encre, où le ciel nocturne retrouve une présence…
Du relief: c’est ma principale impression. Alors que la lumière orangée des lampadaires gomme d’habitude les différences, émousse les choses, les alternances actuelles de clair & d’ombre sculptent un quartier soudain tiré du quotidien banal.
J’adore!