Qu’ai-je lu, sinon, durant ces quelques semaines où le présent weblog s’emplissait de réminiscences londoniennes?
Tant de livres, j’en perd parfois la trace: ainsi du Soviet des Fainéants d’Eduardo Gallarza, largement entamé puis (provisoirement?) abandonné au profit d’autres ouvrages… Tandis que j’ai enfin terminé de lire un gros historique du métro de Londres, et son « companion volume » largement illustré.
Si le style manquait cruellement aux polars de Michael Kurland, en revanche monsieur Assouline en a à revendre: lecture délicieuse de sa dernière biographie, celle de Paul Durand-Ruel, le marchand des impressionnistes. Tout en commençant un catalogue sur Manet, Monet et la gare St Lazarre. Et en poursuivant à petites gorgées (chaque midi) mon habituelle « tache de fond », L’éducation sentimentale. Ces lectures se répondent, s’enrichissent les unes les autres: plaisir fugitif & futile à comprendre ce dont Frédéric & les autres parlent, au détour d’une conversation politique chez Flaubert: monsieur d’Aumale, le grand duc Constantin, mais oui, bien sûr! 😉
Des nouvelles: Rhys Hugues, Edith Nesbit, Bradley Denton, Jean-Jacques Girardot, Agatha Christie…
Entamé le nouveau Francis Valéry: Le talent assassiné. Amusant mélange d’autobio & d’uchronie personnelle, totalement égocentrique, plein d’humour, superbement dédaigneux des étiquettes — mais lui manque encore, je crois, un p’tit quelque chose: le style, toujours le style! Francis n’a rien d’un grand styliste, j’en ai peur, alors qu’un tel projet aurait nécessité le surcroit d’esthétisation qui aurait validé sa démarche paresseuse… Mais tout le monde n’a pas un style. Hélas. Un Thomas Day, un Fabrice Colin, en voilà qui ont du style, parmi les jeunes auteurs actuels de la so-called « littérature de l’imaginaire » (comme si le reste de la littérature était condamnée au manque d’imagination). Des talents brillants — comme aussi David Calvo & Laurent Kloetzer, par exemple, quoi que pour ceux-là avec plus de scories, encore quelque maladresses. Francis Valéry pour sa part écrit limpide, simple ; il est déjà difficile de parvenir à une telle souplesse — mais il lui manque à mon goût une véritable couleur, un ton qui ne soit pas seulement celui de la gouaille orale du personnage.
Et moi, en ai-je du style? Ah, cela me va bien de critiquer mes petits camarades!
Lecture du moment, délice complet: The Translator de John Crowley. Pas du tout du fantastique, plutôt un mélange de « roman de campus » & d’espionnage, en tout cas avec la toile de fond de la guerre froide, très en demi-teinte, tendre & fascinant — et quel style, ça oui.