#383

Allez, une petite dernière: je viens de débuter sur mon autre blog, Volage, la mise en ligne d’une troisième & peut-être dernière nouvelle pour cette expérience.

Je ne crois pas très aboutie ladite expérience, aucun retour, aucune réaction, il faut croire que la fiction en ligne n’est pas quelque chose de très captivant et/ou la forme feuilletonnesque pas bien adaptée, mais toujours est-il que j’ai la faiblesse de trouver cette mienne nouvelle agréable & avais donc envie de la proposer…

#382

Lectures du moment: Écrits, entretiens et lettres sur l’art, une compilation des rares textes d’Auguste Renoir (largement complétée par une sélection de correspondance). Très plaisant & souvent amusant.

Bay Area Figurative Art, 1950-1965 de Caroline A. Jones — un cadeau ô combien bienvenu d’un mien ami. Passionnant: comment à partir du (à l’époque) très à la mode « expressionisme abstrait » (le premier mouvement pictural authentiquement américain) certains artistes san-franciscains (David Park, Richard Diebenkorn, etc) revinrent à l’art figuratif, et en l’occurence à une approche similaire à l’expressionisme & au fauvisme. Tout comme m’avait fasciné le parcours effectué par Mondrian du figuratif à l’abstrait (dans un catalogue de la Réunion des Musées Nationaux), la trajectoire inverse s’avère extrêmement instructive.

Un bel & grand album pour la jeunesse, chez Milan: Le Grand arbre par Rémi Courgeon. J’ai déjà dit de nombreuses fois (& notamment dans les pages de la revue Faeries) combien me séduit l’art hybride de l’album illustré pour la jeunesse. Hybride: immense liberté du dessin & importance du texte, les deux en relation inséparable. Courgeon livre ici une jolie fable sur la capitalisme, servie par une recherche graphique retrouvant le charme des aplats des albums sérigraphiés d’autrefois: un peu à la manière d’un Dr Seuss, par exemple. Cette technique quelque peu « rétro » confère une qualité intemporelle à cet adorable album. I like that.

#381

Lire, explorer, découvrir: The Infinite Matrix, un formidable e-zine SF abritant non seulement le toujours très amusant Ansible de Dave Langford & le weblog de Bruce Sterling, mais aussi des tas de nouvelles, d’expériences webs inédites (comme le faux blog de Terry Bisson)… Bref, un projet passionnant & foisonnant.

& en parlant de web: les bloggers ont un nouveau beau-père. Ben oui: maman Pyra (la maison-mère du logiciel Blogspot qui nous gère & héberge) s’est mariée avec papa Google.

#380

La rançon du succès? Disons plutôt sa récompense: les fées sont à la mode, c’est indubitable, mes deux bouquins (la Cartographie du merveilleux & le Dictionnaire féerique) me rapportent donc ces temps-ci ce qui sera peut-être my very own « quart d’heure de célébrité »: des tas d’invitations à des festivals, colloques, ateliers, etc. Au rang desquelles un passage sur France Culture samedi prochain (le 22), à l’émission « Mauvais Genres ». Angelier m’avait déjà lancé une invitation lors de la sortie de la Cartographie, mais mon job de libraire m’avait empêché d’y répondre positivement. Cette fois c’est bon, j’y vais. Ce doit être de 20h30 à 22h, quelque chose comme ça.

#379

Des jours bien occupés, pour ne pas dire encombrés. Mon déménagement immobile se poursuit. Changer l’appart plutôt que changer d’appart, le concept semblait séduisant — il s’avère également épuisant.

Et la littérature de passer quelque peu « à la trappe » pendant ce temps. Peu lu, juste les quelques premières pages du Dreamericana de Fabrice Colin (en Millénaire)… Reçu un livre superbe: La Cité du Soleil et autre récits héliotropes, d’Ugo Bellagamba (chez Le Bélial’). J’en connais déjà le contenu, puisque outre la réédition de la belle novella « L’Apopis républicain » s’y trouvent deux inédits sur lesquels j’ai eu l’honneur d’un peu (faire) travailler — la novella du titre est une lumineuse aventure humaine, à la recherche de la ville utopique de Campanella. Je regrette presque la préface de Thomas Day — trop laudative, superfétatoire, il en fait trop, même si c’est pour la bonne cause. La subtilité, l’intellectualisme chaleureux (beau paradoxe?), les thématiques de portée quasi philosophiques… Tout cela aurait peut-être mérité un commentaire un peu plus nuancé. Mais qu’importe, ce livre est beau, fondamentalement, et je le crois d’une nature assez unique dans le champs de la science-fiction actuelle: son caractère « héliotrope », comme le dit si bien le sous-titre. La couverture de Benjamin Carré sert avec brio cet ouvrage étonnant.

J’ai vu avec plaisir que le roman de Michael Chabon qui avait eu le prix Pulitzer en 2001 était enfin sortit en France. Enfin, oui! Car il était grand temps… « Héliotrope », tiens, décidément j’adore ce qualificatif! Toute comparaison gardée, Chabon est lui aussi un écrivain lumineux: généreux comme peu d’écrivains contemporains savent l’être — du côté d’un Salman Rushdie ou d’un Steven Millhauser, par exemple. Et ils sont (trop) rares, de nos jours, ces auteurs oeuvrant dans la générosité…

1939, New York : le jeune Joe Kavalier vient tout juste de s’échapper de l’enfer que les Nazis ont concoctés à Prague. Son cousin de Brooklyn, Sammy Clay, cherche justement un partenaire pour se lancer dans une folle entreprise : la création d’un comic book. Ensemble, ils vont devenir deux grands auteurs du Golden Age de la BD américaine, avec un héros spécialiste de l’évasion qui veut libérer les opprimés.

Les Extraordinaires aventures de Kavalier & Clay sont un double événement: d’abord, parce qu’ils ont permis à son auteur de décrocher le prix Pulitzer, ensuite parce que de manière assez originale voilà une œuvre entièrement consacrée à l’histoire de la BD… qui fait un best-seller mondial! Mais bien sûr, au-delà de cet aspect historique, il s’agit d’un colossal roman, formidablement riche,qui brasse avec une constante bonne humeur des événements allant depuis le Golem de Prague jusqu’aux procès des comics books dans les années 1950, en passant par l’Empire State Building ou par l’Antarctique & en croisant la route de multiples célébrités (telles que Dali ou Orson Welles). Aventure, découverte, magie, création artistique — que du bonheur! Seul minuscule bémol dans cette réussite enthousiasmante: le travail du traducteur français n’est pas toujours à la hauteur; il lui manquait sans doute d’utiles références en matière de comics. C’est un peu dommage, car dénotant d’un certain mépris de l’éditeur pour le média même qui est le sujet de ce roman.