Hier soir
Plus assez de lumière pour lire, l’éclaboussure jaune de l’halogène n’est pas assez puissante pour que je ne m’use pas les yeux à déchiffrer les entretiens de René Laloux et de ses collaborateurs, dans le beau livre qui vient de lui être consacré. Me relevant, j’aperçois au dehors un ciel presque lovecraftien. Je me penche à la fenêtre, l’air a déjà cette odeur de fumée qu’a la ville la nuit. Des zébrures sombres tombent en guirlandes funèbres sous le coton bleu des masses nuageuses. Des veines rougeoyantes s’aperçoivent vers l’ouest, au-dessus des immeubles, blessures vénériennes des nuées crépusculaires. Les rails crient, stridentes, sous le tintement indistinct des annonces de la gare.