Il y a pour moi un goût d’enfance facile à retrouver.
Il suffit pour cela que je brise un peu de pain dur dans un bol, que j’ajoute du sucre en poudre (ou de cette cassonade blonde que m’a offert Laurence Mauméjean, qui ajoute un arôme subtil à la note sucrée) puis du lait. Voilà: un mijo. Comme lorsque j’étais pré-ado. Et si jamais, comme lors de mon goûter d’aujourd’hui, je me mets à lire une histoire de Nero Wolfe, « l’homme aux orchidées », alors le retour est complet. Mon grand-père achetait les « Nero Wolfe » de Rex Stout, je les lis donc depuis tout jeune.
Si ce grand-père (encore relativement jeune à l’époque, d’ailleurs) se préparait un mijo avec du vin rouge, la version enfantine avec du lait m’aura toujours convenue… Goût d’enfance, plaisir simple.
Comme c’est curieux. Nous sommes pourtant quasiment de la même souche mais moi, le mijo, je déteste ça! Je me demande si ce n’est pas encore un symptôme de mes mauvaises relations avec ma propre enfance.
Quand j’habitais le Poitou rural, je me souviens qu’on y mangeait un mijo au vin rouge, mais chaud. On mélangeait le pain, le vin, un peu de sucre et on faisait réchauffer le tout. Les croutons de pain ressemblaient alors à des caillots de sang. Ca s’appelait de la « rôtie » et je pense que c’est une des choses pour lesquels on a inventé le mot « dégueulasse ».
André-François, vous venez de me faire pleurer.
Je pensais être la seule à avoir connu ce mijo.
Ma grand-mère qui m’a élevée m’en faisait souvent.
Nous étions plutôt pauvres et ce bol constituait souvent mon repas du soir.
J’adorais cela.
Je me sens bête d’écrire cela.