#1282

Vous me faites confiance? Alors, suivez mon conseil: achetez, lisez, « La Maison d’Oubli » d’Elisabeth Vonarburg, qui est paru il y a peu au Livre de Poche. C’est splendide, absolument splendide. De la grande littérature et de la grande fantasy, totalement originale. Pour une fois que l’on nous propose, en France, quelque chose à lire de cette autrice québécoise formidable, l’une des meilleures praticiennes contemporaines des genres de l’imaginaire (je l’affirme), il ne faut pas manquer si belle occasion. D’autant que le même éditeur propose aussi un nouveau tirage des « Chroniques du pays des Mères », chef-d’oeuvre de science-fiction.

#1281

Retour dans mes pénates. C’est le temps des retours: j’ai fait le voyage avec Bruno B. Bordier, une copine partie au Québec est de passage et mon ancien colocataire Lionel est de nouveau à Lyon. C’est aussi le temps des manuscrits non sollicités — dont un « Tractatus logico-philosophique de Star Trek » qui vaut son pesant de cacahouètes (et encore, ce ne sont que des extraits des 889 pages de ce travail!). Que de papier perdu. Comme d’habitude lorsque je me suis absenté, mes trois chats m’empêchent de dormir, en voulant tous être sur mon lit et en réclamant des câlins à toutes heures. La petite Jabule m’a fait une peur bleue: elle ressemble déjà à un écureuil, voici que l’autre jour elle s’est prise pour un écureuil volant! Endormie sur le rebord d’une fenêtre, elle a soudain fait un grand bond sur ressort, qui la projeta dans le ciel. Fort heureusement, elle n’a rien, je n’habite pas très haut au-dessus de la cour — elle fut seulement terrifiée. Mais quel soudain cauchemar ce fut, de voir ce petit animal disparaître ainsi! J’en reste certainement plus traumatisé qu’elle. Pour le reste: boulot, boulot. Le 6e Fiction est chez l’imprimeur. Les auteurs de l’essai sur Heinlein veulent visiblement me rendre dingue — j’ai l’impression de bien comprendre les sentiments du premier éditeur de Marcel Proust, tiens. J’ai essayé de lire le récent roman de Sylvie Denis — ça m’est tombé des mains, le style est plus que plat, tout cela est terriblement poussif et poussiéreux. Déception. Lu en revanche avec un immense plaisir le 7e et ultime Harry Potter: loin des défauts et longueurs du 5e et, encore plus, du 6e, c’est là un très beau point final à cette étonnante saga. Quant à la Fille dans le verre de Jeffrey Ford, c’est un pur bonheur, quelque part entre Mr Vertigo d’Auster et le Prestige de Priest, la pesanteur pessimiste en moins. Délicieux.

#1280

Débutant une promenade dans Chinon, en passant devant la collégiale St Mexme je songeai à Jean-Philippe Jaworski, qui m’a confié y avoir effectué quelques fouilles archéologiques dans ses jeunes années. Etonnant et réjouissant succès que celui de son premier recueil, « Janua Vera », paru aux Moutons électriques en mai dernier. J’en suis très fier, bien entendu, étant donné qu’il s’agissait d’un véritable coup de coeur. La presse est bonne, la librairie Scylla l’a tout de suite fait venir en dédicace, un bédéaste envisage d’en adapter certaines nouvelles, les réassorts tombent gentiment, les Utopiales viennent de l’inviter, nous attendons une offre de rachat par Folio-SF… Vraiment réjouissant, oui. Réconfortant, même: c’est pour de telles joies littéraires que je suis « editor ». Et je viens de lire la moitié du roman auquel il travaille: « Gagner la guerre ». Une merveille! Ce style, cet allant! Sans fausse modestie, je crois avoir trouvé un grand auteur.